Le directeur d'un journal indépendant détenu depuis plus d'un mois

Ismaël Mbonigaba, directeur de publication du journal Umuseso, est détenu à la Prison centrale de Kigali (PCK) depuis le 24 janvier 2003. Les autorités judiciaires l'accusent "d'incitation au divisionnisme et à la discrimination" et doivent statuer, le 27 février, sur son maintien en détention préventive. Reporters sans frontières proteste contre cette incarcération abusive et rappelle que selon la loi sur la presse de mai 2002, la détention préventive des journalistes est interdite en dehors de certains cas bien précis, dont l'appel au divisionnisme ne fait pas partie. L'organisation estime que la détention d'Ismaël Mbonigaba n'est qu'un moyen utilisé par les autorités rwandaises pour réduire au silence la presse indépendante ou d'opposition. Reporters sans frontières demande aux autorités judiciaires de tout mettre en œuvre afin que le journaliste soit libéré au plus vite et puisse reprendre son activité professionnelle. Ismaël Mbonigaba a été arrêté le 22 janvier 2003 par des agents du Département d'investigation criminelle (CID) et conduit, deux jours plus tard en prison. Il est accusé "d'incitation au divisionnisme et à la discrimination" en vertu de la loi du 18 décembre 2002 sur la discrimination, et risque plusieurs années de prison. On lui reproche la publication, dans l'édition n°113 du 13 janvier 2003, d'un article intitulé "Twagiramungu contre Kagame dans les élections". Cet article faisait état des déclarations de l'ancien Premier ministre, Faustin Twagiramungu, affirmant qu'il serait candidat à la prochaine élection présidentielle contre le chef de l'Etat, Paul Kagame. Le texte était accompagné d'une caricature du président de la République sous les traits du roi Salomon tenant dans une main un bébé représentant le Mouvement démocratique républicain (MDR, parti politique membre de la coalition gouvernementale) et dans l'autre une épée. Deux autres personnages tiraillaient le Président sur la conduite à tenir face au sort du MDR. Le dessin suggérait en fait que Paul Kagame arbitrait les dissensions au sein du MDR et était le seul à pouvoir décider de l'avenir de ce parti. Reporters sans frontières rappelle que Ismaël Mbonigaba a déjà été victime, à plusieurs reprises, de la répression des autorités. En mai 2002, il avait été interpellé après avoir critiqué un discours du chef de l'Etat dans lequel il qualifiait les Rwandais de "sots". Le passeport du journaliste avait été confisqué, l'empêchant notamment de se rendre au Burundi pour participer à une conférence.
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Mise à jour le 20.01.2016