Le directeur de l'institut de sondage incarcéré

Le directeur de l'Institut national de l'opinion publique, Behrouz Geranpayeh, a été incarcéré, mercredi 16 octobre, immédiatement après avoir été interrogé par un tribunal à Téhéran. Selon son avocat, Behrouz Geranpayeh est accusé de "diffusion de mensonges" et "fabrication de noms officiels". L'institut gouvernemental qu'il dirige avait été fermé début octobre suite à la publication d'un sondage qui indiquait que 74,7% des Iraniens étaient favorables à la reprise des relations avec Washington. Le directeur de l'agence de presse officielle IRNA, qui avait diffusé les résultats de ce sondage, avait également été convoqué par la justice, fief des conservateurs. --------------- 30.09.02 - Le directeur d'IRNA convoqué à la suite d'un sondage Le 30 septembre 2002, Abdollah Nasseri, directeur de l'agence de presse officielle IRNA, été convoqué par la justice suite à la publication d'un sondage favorable à la reprise du dialogue avec les Etats-Unis. " La question des relations Iran - Etats-Unis constitue un des sujets centraux dans la vie politique iranienne. Censurer tout ce qui a trait à cette problématique est un acte grave", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation dans une lettre adressée au chef de la justice iranienne, l'ayatollah Sharoudi. " Nous vous demandons de mettre un terme aux convocations d'Abdollah Nasseri ainsi qu'à celles des autres journalistes ", a ajouté Robert Ménard. Fin mai, l'organisation avait déjà protesté contre une interdiction, par la justice, de la publication d'articles évoquant les relations irano-américaines. Le 22 septembre 2002, IRNA avait diffusé un sondage qui indiquait que 74,7% des Iraniens étaient favorables à la reprise des relations avec Washington. Il avait paru au lendemain d'un discours particulièrement virulent de l'ayatollah Khamenei, le Guide suprême de la République, à l'encontre des Etats-Unis. Le 25 septembre, le quotidien conservateur Kayhan parlait de sondage " truqué ". Dans le même temps, IRNA, demandait à ses clients d' " annuler la dépêche ", prétextant une " erreur humaine ". Le 2 octobre, le Parlement a pressé l'ayatollah Sharoudi de cesser les convocations d'Abdollah Nasseri, directeur de l'agence de presse. Il s'est également inquiété de celle de Behrouz Geranpayeh, directeur d'un des trois instituts de sondages qui avaient publié les résultats, et qui a été fermé. Les deux hommes seraient accusés d'avoir " publié des mensonges visant à exciter l'opinion publique ". Fin mai, l'interdiction d'évoquer les relations irano-américaines intervenait au moment où le principal quotidien réformateur, Nowrooz, avait révélé que des contacts officieux entre responsables iraniens et américains de haut niveau auraient eu lieu à Nicosie ou à Ankara ces derniers mois. Alors que les relations avec les Etats-Unis font l'objet de vives dissensions au sein du régime, et sur fond de lutte antiterroriste menée par les Etats-Unis dans la région, la justice avait qualifié, le 25 mai, de "délit", "contraire aux intérêts nationaux", le simple fait d'aborder le sujet. Reporters sans frontières rappelle qu'à ce jour dix journalistes sont incarcérés en Iran pour des peines allant de trois à onze ans.
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Mise à jour le 20.01.2016