Le cyberdissident Pham Hong Son condamné à treize ans de prison

Au terme d'un procès de quelques heures, le docteur Pham Hong Son, emprisonné depuis plus d'un an pour avoir traduit et publié sur Internet un article sur la démocratie au Viêt-nam, a été condamné, le 18 juin 2003, à treize ans d'emprisonnement pour "espionnage" et à trois ans de "détention probatoire" par la Cour populaire de Hanoi. Reporters sans frontières est profondément indignée par cette condamnation exceptionnellement lourde, prononcée au cours d'un procès arbitraire et après une détention provisoire abusive de près de quinze mois. "En condamnant le docteur Pham Hong Son, les autorités de Hanoi violent les lois et la Constitution vietnamiennes qui garantissent la liberté d'expression et d'opinion. Le gouvernement utilise les charges d'"espionnage" et d'"atteinte à la sécurité nationale" pour écraser systématiquement toute dissidence", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'association. L'organisation a demandé au chef de l'Etat vietnamien, Tran Duc Luong, d'intervenir auprès de la justice de Hanoi pour obtenir la révision du procès et la libération de Pham Hong Son. Reporters sans frontières va, quant à elle, alerter les organisations internationales auxquelles participe le Viêt-nam, notamment la Francophonie et l'ASEAN, sur le cas de Pham Hong Son. Le procès du docteur Pham Hong Son s'est ouvert le 18 juin 2003 devant la Cour populaire de Hanoi et n'a duré qu'une demi-journée. Un dispositif de sécurité avait été déployé tout autour du tribunal pour empêcher les journalistes d'y pénétrer. Un groupe de six diplomates des ambassades des Etats-Unis, du Canada, d'Australie et de plusieurs pays de l'Union européenne, qui avaient déposé une demande auprès des autorités pour assister au procès, ont été bloqués à l'entrée par les forces de l'ordre. Au terme de quelques heures d'audience, le verdict a été annoncé : le docteur Pham Hong Son, qui comparaissait pour "espionnage", a été condamné à treize ans de prison ferme et à trois ans de résidence surveillée à l'issue de sa détention. L'acte d'accusation, daté du 10 avril 2003, lui reprochait d'avoir contacté des dissidents au Viêt-nam et à l'étranger, de soutenir les points de vue de ces derniers et d'être "devenu un adepte du plan d'action consistant à profiter de la liberté de la presse et de la démocratie pour défendre le pluralisme et le système multipartite". L'article pour lequel il avait été arrêté a par ailleurs été qualifié de "document antiparti et antigouvernement". L'un des diplomates étrangers qui attendait à la sortie du tribunal a qualifié cette condamnation d'"anormalement sévère". Ce procès survient au terme d'une détention préventive de quinze mois. Le docteur Pham Hong Son, médecin et responsable d'une firme pharmaceutique, est en effet emprisonné depuis mars 2002 dans une prison proche de la capitale et ses conditions de détention demeurent inconnues. Il avait été arrêté le 27 mars pour avoir traduit et diffusé sur Internet un article intitulé "Qu'est-ce que la démocratie", extrait des pages du site de l'ambassade des Etats-Unis au Viêt-nam. Auparavant, il avait écrit plusieurs autres articles favorables à la démocratie et aux droits de l'homme, diffusés sur des forums de discussion vietnamiens. Pendant quatre mois, Pham Hong Son a été détenu au secret et n'a pu recevoir aucune visite de sa famille ou de son avocat. Cinq cyberdissidents sont actuellement emprisonnés au Viêt-nam pour leurs activités sur le Réseau. Deux d'entre eux ont été condamnés en novembre et décembre 2002 à des peines de quatre et douze ans de prison. Un autre est en résidence surveillée.
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Mise à jour le 20.01.2016