"Le bombardement de la radio Voice of Tigers est un crime de guerre", selon Reporters sans frontières

Reporters sans frontières dénonce le crime de guerre commis par l'armée sri lankaise après le bombardement des installations de la radio Voice of Tigers, dont les employés n'ont pas été avertis. Trois d'entre eux ont été tués ainsi que six autres civils, par l'aviation sri lankaise. "La radio Voice of Tigers est certes une radio de propagande dirigée par le LTTE, mais les lois sur la guerre sont claires : les bombardements militaires doivent se limiter à des objectifs strictement militaires. Les autorités de Colombo invoquent les Conventions de Genève lorsqu'il s'agit de dénoncer les crimes du LTTE mais les oublient aussitôt quand il s'agit de bombarder les installations qui sont un bien civil, et donc protégé par les mêmes conventions", a affirmé Reporters sans frontières. Le 27 novembre 2007 dans l'après-midi, l'aviation sri lankaise a bombardé les installations de la radio officielle du mouvement LTTE, près de Killinochchi (Nord). Neuf civils, dont trois employés de la station, ont été tués et une dizaine d'autres ont été blessés. Selon le site Tamilnet, les employés tués sont Isaivizhi Chempiyan, ancien présentateur, Suresh Linbiyo, un technicien, et T. Tharmalingam. Cette attaque est intervenue en pleine retransmission des cérémonies du Jour des Héros de Guerre, organisées chaque année par le LTTE dans les régions qu'il contrôle. Selon Tamilnet, les émissions ont continué grâce à un autre transmetteur clandestin. L'armée sri lankaise a confirmé la destruction des installations de "la radio clandestine" des terroristes du LTTE. Déjà, en octobre 2006, des frappes aériennes avaient détruit les installations de Voice of Tigers près de Kilinochchi, blessant deux employés. Interrogée par Reporters sans frontières en 2006, la Commission internationale humanitaire d'établissement des faits, prévue par le Protocole I des Conventions de Genève, avait déclaré : "Les attaques délibérées contre des journalistes et des infrastructures appartenant ou utilisées par la presse constituent une violation grave du droit humanitaire. Les journalistes ont le droit d'exercer leur mission dans les territoires soumis aux faits de guerre." Dans le passé, d'autres médias accusés d'être des "médias de propagande" ont été pris pour cibles et constituent des précédents très dangereux pour la presse. En Yougoslavie, l'Alliance atlantique (OTAN) a bombardé, en avril 1999, le siège de la RTS à Belgrade, causant la mort de seize employés de la chaîne. En janvier 2001, l'armée israélienne a dynamité le bâtiment de la télévision et de la radio palestiniennes La Voix de la Palestine dans les Territoires occupés, à Ramallah. Lors de la campagne américaine en Afghanistan, le 12 novembre 2001, l'armée américaine a bombardé les bureaux de la chaîne arabe Al-Jazira à Kaboul.
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Updated on 20.01.2016