Le bilan s’aggrave avec un nouvel assassinat de journaliste dans l’État de Sonora

Le corps du journaliste Pablo Ruelas Barraza a été retrouvé criblé de balles, le 13 juin 2011 à Huatabampo, dans l’État de Sonora (Nord-Ouest). Deux hommes auraient tenté de l’enlever avant de l’exécuter, d’après les informations rapportées dans la presse nationale et locale. La victime, âgée de 38 ans, collaborait auprès de plusieurs médias dont les quotidiens régionaux Diario del Yaqui à Huatabampo et El Regional de Sonora à Hermosillo. Cet assassinat intervient au cours d’un mois de juin particulièrement sombre pour la presse mexicaine. D’après la presse, Pablo Ruelas Barraza couvrait des faits-divers et avait été la cible de menaces de mort. Même si le mobile de son assassinat reste à déterminer, Reporters sans frontières demande aux autorités de ne pas écarter la piste professionnelle durant l’enquête. Nous constatons que, pour l’heure, le parquet (PGJE) de l’État de Sonora a surtout insisté sur les antécédents judiciaires de la victime. Pour réelles qu’elles soient, les condamnations pénales dont Pablo Ruelas Barraza a pu faire l’objet ne doivent en aucun cas servir de prétexte pour conclure l’enquête à la hâte. Par ailleurs, ce nouvel assassinat renvoie les autorités fédérales à leurs responsabilités : à quand l’application du nouveau protocole de protection à l’attention des journalistes signé en novembre dernier et censé renforcer la sécurité des personnes menacées – comme l’était apparemment Pablo Ruelas Barraza ? Le Mexique compte désormais 74 journalistes assassinés depuis 2000 et 13 autres disparus. Le bilan humain de l’offensive fédérale engagée contre le narcotrafic s’élève à plus de 40 000 morts depuis décembre 2006. Dessin : Hernández ______________________________________________________ 10.06.11 - Trois jours sans nouvelles du chef des informations du quotidien Novedades Acapulco Les sites des quotidiens Novedades Acapulco et El Sur ont signalé, le 9 juin 2011, la disparition quarante-huit heures plus tôt de Marco Antonio López Ortiz, chef des informations du premier titre, basé dans la célèbre ville touristique de l’État de Guerrero (Sud-Ouest). D’après les deux publications, le journaliste a été enlevé par plusieurs individus, le 7 juin aux alentours de 23h30, alors qu’il se rendait à un rendez-vous avec l’une de ses connaissances dans un bar. Des collègues de Novedades Acapulco ont retrouvé sa voiture abandonnée devant l’établissement. Les rédactions qui ont révélé l’affaire n’ont pas souhaité nous donner davantage d’informations. La Commission de défense des droits de l’homme de l’État de Guerrero (CEDH) a, en revanche, fait savoir à Reporters sans frontières qu’aucune plainte des proches du disparu ne lui était encore parvenue dans la soirée du 9 juin. “Tout comme le président de la CEDH Juan Alarcón Hernández, nous exprimons notre solidarité à l’attention de la famille et des collègues de Marco Antonio López Ortiz. Nous espérons que le journaliste sera rapidement localisé sain et sauf, même si la dernière affaire de disparition d’un professionnel des médias constatée au Mexique nous fait craindre le pire. Meurtres et disparitions ont particulièrement sévi dans cette région du pays. Deux journalistes ont été assassinés dans le Guerrero en 2010 et à ce jour, l’enquête n’a fait l’objet d’aucune avancée”, a déclaré Reporters sans frontières. La violence envers les journalistes, les défenseurs des droits de l’homme et les représentants de la société civile n’ont pas cessé alors que la “caravane de la consolation”, partie de Cuernavaca (Sud) doit atteindre la frontière des États-Unis le 11 juin. Cette mobilisation citoyenne, née à l’initiative du poète Javier Sicilia dont le fils a été assassiné au mois de mars, rappelle aux autorités le terrible bilan de l’actuelle offensive fédérale contre le narcotrafic : 40 000 morts depuis décembre 2006. “Si le fléau du crime organisé doit être combattu, les autorités, parfois complices d’une telle violence, ne peuvent poursuivre cette fuite en avant sécuritaire qui n’a fait que plonger le pays en état de guerre et sacrifier tant de vies innocentes. Les voix manquent au sein de la communauté internationale pour dénoncer cette faillite de l’état de droit. Que reste-t-il des libertés publiques sous le règne de la terreur armée ?”, a ajouté l’organisation. A son modeste niveau, Reporters sans frontières continuera de relayer aussi longtemps que nécessaire la campagne des dessinateurs de presse "¡Basta de Sangre !" - “No + sangre”. Depuis 2000, le Mexique compte un total de 73 journalistes tués et 13 disparus depuis 2003, en incluant Marco Antonio López Ortiz.
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Updated on 20.01.2016