L'auteur australien Harry Nicolaides condamné à trois ans de prison : une grave atteinte à la liberté d'expression

Reporters sans frontières réprouve la décision de la Cour criminelle de Bangkok de condamner, le 19 janvier 2009, à trois ans de prison l'auteur australien Harry Nicolaides, pour “crime de lèse-majesté” en vertu de l'article 112 du code pénal : "sa condamnation confirme nos craintes d'une politisation dangereuse du délit de lèse-majesté. Nous demandons le réexamen du dossier de Harry Nicolaides et sa libération au plus vite".

Reporters sans frontières réprouve la décision de la Cour criminelle de Bangkok de condamner, le 19 janvier 2009, à trois ans de prison l'auteur australien Harry Nicolaides, pour “crime de lèse-majesté” en vertu de l'article 112 du code pénal. Les autorités lui reprochent d'avoir publié un livre dans lequel il fait référence à l'attitude du fils aîné du roi Bhumipol envers l'une de ses maîtresses. Lors de l'audience, il a plaidé coupable et a appelé à l'indulgence de la Cour. “Harry Nicolaides a certes écopé de la plus petite peine de prison prévue pour un crime de lèse-majesté, mais il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une atteinte grave à la liberté d'expression. Le nombre croissant d'arrestations pour ce motif et la condamnation de Harry Nicolaides sont des développements inquiétants qui confirment nos craintes d'une politisation dangereuse du délit de lèse-majesté. Ce chef d'accusation est vraisemblablement utilisé pour pour faire taire certaines voix dans le royaume. Nous demandons le réexamen du dossier de Harry Nicolaides et sa libération au plus vite”, a déclaré l'organisation. Lors de l'audience, le juge a déclaré : “Il est coupable en vertu de l'article 112 du code pénal et la Cour l'a condamné à six ans de prison, mais, puisqu'il a avoué, la sanction est réduite à trois ans”. “Harry Nicolaides a écrit un livre calomnieux envers le roi, le prince héritier, la Thaïlande et la monarchie”, a t-il poursuvi. Interrogé par la BBC avant l'énoncé du verdict du procès, Harry Nicolaides a déclaré : “Cela doit être un mauvais rêve. Cela ne peut être réel. Je regrette que ma famille souffre et je leur présente mes excuses”. Lors de sa première audience devant la Cour criminelle de Bangkok, le 21 novembre 2008, Harry Nicolaides avait plaidé non coupable. Agé de 41 ans, il est l'auteur de “Verisimilitude”, un livre publié à 50 exemplaires en 2005. D'après son avocat australien, Mark Dean SC, “aucun nom spécifique n'est mentionné dans le paragraphe incriminé. Le livre fait 226 pages et seuls trois phrases sont visées. De plus, l'accusation est basée sur la traduction de ce passage en thaï, et non dans sa version originale, en anglais. La référence à la monarchie n'est même pas centrale dans la trame du livre”. Quatre demandes de mises en liberté provisoire lui ont été refusées depuis son arrestation, le 31 août 2008. Sa famille est “alarmée par ce dénouement”. Le frère de Harry Nicolaides a assuré à Reporters sans frontières qu'ils allaient “tout faire pour qu'il reste fort, en bonne santé et optimiste en toutes circonstances”. Harry Nicolaides envisage de demander la grâce du roi. Par ailleurs, le 20 janvier, le professeur de Sciences politiques Giles Ungpakorn sera jugé pour crime de lese-majesté en raison de la publication de son livre “Un coup d'Etat pour les riches” (“A coup for the Rich”), gratuitement téléchargeable sur son blog www.wdpress.blog.co.uk. Le 18 janvier, il a lancé une pétition “pour l'abolition du crime de lèse majesté en Thaïlande et en faveur de la liberté d'expression”. En effet, le 16 janvier, la police a annoncé le blocage de 1 500 nouveaux sites Internet pour leurs contenus jugés insultants envers la monarchie. Depuis le 6 janvier, 3 800 sites Internet ont été bloqués officiellement pour ces motifs et 400 font actuellement l'objet d'une enquête. Outre ce filtrage intensif, l'internaute Suwicha Thakor a été arrêté le 13 janvier, après que la police a découvert que certains commentaires jugés insultants envers la monarchie provenaient de son ordinateur. Il s'est vu refuser sa demande de libération provisoire, le 16 janvier. La veille, le ministre de la Justice, Pirapan Salirathavibhaga, avait déclaré qu' “en Thailande, le principe de la liberté d'expression doit parfois être compromis pour sauver la sécurité nationale”. Voir son témoignage sur la BBC Derniers communiqués de presse - La Thaïlande : nouvel ennemi d'Internet ? - Rejet de la quatrième demande de liberté provisoire de l'auteur australien Harry Nicolaides - L'auteur australien Harry Nicolaides officiellement inculpé de crime de “lèse-majesté”
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Mise à jour le 20.01.2016