L'Audience nationale rejette la demande d'inculpation des trois militaires américains impliqués dans la mort du journaliste José Couso

Le 13 mai 2008, l'Audience nationale a confirmé le recours introduit par le ministère public contre la demande du juge Santiago Pedraz de poursuivre les trois militaires américains impliqués dans la mort du cameraman de Telecinco José Couso, tué le 8 avril 2003 par un tir d'obus américain sur l'hôtel Palestine de Bagdad. L'attaque avait également causé la mort d'un cameraman de l'agence Reuters, Taras Protsyuk. Par deux votes positifs, ceux des juges Angel Hurtado et Fermin Echarri, contre celui du juge José Ricardo de Prada, l'Audience nationale a estimé que les éléments apportés par le juge Santiago Pedraz ne permettaient pas de poursuivre les trois militaires américains. Les juges ont également déclaré qu'il n'existait pas d'indices suffisants qui indiqueraient un désir intentionnel de la part des soldats américains de tirer sur l'hôtel Palestine où la presse internationale était réunie. Dans son arrêt, l'Audience nationale conclut également qu'on ne peut pas exclure la possibilité que le tir ait été simplement effectué par erreur, en raison d'une menace faussement identifiée, dans le cadre des opérations militaires menées à Bagdad. Dans une déclaration à la presse, la famille de José Couso a annoncé qu'elle continuera à se battre pour démontrer que la mort du cameraman constitue bien « un crime de guerre ». Javier Couso, son frère, a déclaré qu'« une partie des juges a cédé à la pression des autorités militaires américaines qui font tout ce qu'elles peuvent pour qu'on ne fasse pas de recherche sur ce crime ». Les proches du cameraman espagnol ont également déclaré qu'ils présenteraient de nouvelles preuves et de nouveaux témoins très importants qui relanceront le procès. Se disant prêt à affronter la lenteur des procédures, Javier Couso n'exclut par ailleurs pas de porter le dossier devant la Cour européenne des droits de l'homme. "Nous regrettons vivement la décision prise par l'Audience nationale. Il nous parait en effet essentiel que les trois soldats de l'armée américaine soient enfin entendus dans cette affaire, et qu'un procès ait lieu en présence de toutes les parties impliquées », a déclaré Reporters sans frontières. Dans un rapport datant de 2003, l'armée américaine estimait qu' « aucune faute ou négligence n'a été commise par les forces de la coalition contre l'hôtel Palestine ». Le premier mandat d'arrêt à l'encontre des trois militaires émis en octobre 2005 par le juge Santiago Pedraz ainsi que ses deux demandes d'audition étaient restés sans effet, après le classement de l'affaire ordonné en mars 2006 par un tribunal pénal espagnol. La décision du Tribunal suprême de rouvrir l'enquête sur la mort du cameraman, le 5 décembre 2006, avait relancé le dossier. Le 16 janvier 2007, le juge Santiago Pedraz avait émis un mandat d‘arrêt international à l'encontre de trois militaires américains, pour l'"assassinat" de José Couso. Cette mesure concernait le sergent Thomas Gibson, le capitaine Philip Wolford et le lieutenant-colonel Philip de Camp, responsables du char de combat d'où est venu le tir mortel. Le juge avait également demandé que la possibilité de geler les avoirs des militaires américains soit examinée, dans la perspective où ces derniers seraient condamnés à verser des dédommagements à la famille de José Couso. Le procureur Jesús Alonso avait interjeté appel, le 18 mai 2007, contre la décision du juge Pedraz, estimant qu'il n'y avait pas d'indices suffisants permettant de poursuivre les trois soldats. Le 24 mai 2007, Santiago Pedraz avait fait savoir qu'il rejetait l'appel du parquet espagnol.
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Updated on 20.01.2016