La responsable d'un magazine étudiant suspectée de terrorisme

Reporters sans frontières déplore que la responsable d'un magazine étudiant soit l'objet d'une enquête en vertu de la loi fédérale antiterroriste, après avoir été dénoncée sur la "hotline antiterroriste". Ce type de dérapages devrait inciter le gouvernement à réviser ses textes législatifs qui mettent à mal les libertés fondamentales. "Voici un exemple malheureux d'application des lois liberticides australiennes. Cette étudiante qui n'a absolument aucun rapport avec des groupes terroristes a été l'objet d'une enquête secrète diligentée par la police. Le gouvernement ferait mieux de soutenir les journaux étudiants plutôt que de s'en prendre à eux", a déclaré l'organisation. Dans la ville côtière de Wollongong (Sud-Est), Jess Moore, responsable du mensuel étudiant Tertangala (Signal de Fumée), a été l'objet d'une enquête antiterroriste. Elle était soupçonnée d'avoir participé à une réunion de soutien au Hamas le 18 octobre 2006. Or, en Australie, le Hamas et le Hezbollah sont considérés comme des organisations terroristes, et tout témoignage de soutien en leur faveur est sanctionné par les lois antiterroristes. En fait, Jess Moore, âgée de 24 ans, s'était rendue avec une vingtaine d'autres étudiants à une conférence en tant que militante étudiante et journaliste. Mais la réunion ne concernait pas du tout le Hamas, mais la politique homophobe du gouvernement australien. Suite à une dénonciation, la police de Wollongong, visiblement induite en erreur, a alerté les autorités. Un inspecteur de police est venu enquêter sur le campus, avant de se rendre compte de l'erreur. La police de Wollongong a pourtant expliqué à Jess Moore, également militante anti-guerre, que l'enquête contre elle continuait. Le journal Sydney Morning Herald a dénoncé cette affaire. Jess Moore s'est dite choquée par cette enquête dont elle n'a été avertie que le 5 décembre, deux mois après la réunion. "J'ai parlé à plusieurs avocats et ils m'ont dit de prendre cette affaire au sérieux", a-t-elle déclaré à un journaliste du site ABC Online. Le 6 décembre 2005, le Parlement australien a adopté une nouvelle loi antiterroriste (Australian Anti-Terrorism Act 2005) qui prévoit des peines allant jusqu'à cinq ans d'emprisonnement, pour quiconque serait entré en contact avec une personne suspectée de terrorisme. Les journalistes enquêtant sur des activités terroristes peuvent être arrêtés par la police, notamment quand ils rendent publics des noms de suspects. Selon la nouvelle loi, les reporters n'auront pas le droit de refuser de révéler leurs sources dans des affaires de terrorisme. Et les forces de l'ordre pourront perquisitionner les médias à la recherche de preuves dans de telles affaires.
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Updated on 20.01.2016