La répression des mouvements de protestation démocratiques continuent de faire des victimes au sein de la presse; le Maroc et la Tunisie toujours tentés de museler l’information

SYRIE

Le 13 septembre 2011 dans la matinée, Ahmed Bilal, réalisateur pour la chaîne Falesteen, a été arrêté à Mo’adamieh dans la banlieue de Damas. Reporters sans frontières craint que ce journaliste, connu pour son engagement en faveur d’un changement démocratique en Syrie, connaisse le même sort que Ghiyath Matar : arrêté le 6 septembre dans la banlieue de Damas par les forces de sécurité en raison de son engagement au sein du comité de coordination de Darayya, ce militant pacifiste est décédé en détention, le 12 septembre dernier, à la suite des tortures qu’il a subies. Nous sommes également inquiets pour le sort du militant Yahya Charbajji, arrêté au même moment que Ghiyath Matar. L’organisation a également appris l’arrestation, le 4 septembre dernier, d’Amer Matar, journaliste pour le quotidien Al-Hayat. Politiquement engagé, il a déjà arrêté deux fois depuis le début du soulèvement dans le pays en mars dernier.

BAHREIN

Le 8 septembre dernier, le photographe de Reuters, Hamad Mohamed, a été touché par une balle en caoutchouc tirée par les forces de sécurité, alors qu’il couvrait les manifestations dans la ville d’A’ali (située au sud-ouest de Manama). Blessé légèrement au cou, il a été transféré à l’hôpital. A noter que l’agence de presse gouvernementale BNA a publié l’information, reconnaissant implicitement l’incident, et appelant les journalistes à prendre toutes les précautions nécessaires lorsqu’ils sont amenés à travailler dans des zones où se déroulent des “émeutes”.

YEMEN

Le 5 septembre 2011, deux journalistes ont été attaqués par un groupe d’individus armés dans le district d’Al-Duha. Abdul Hafez Al-Hatami, correspondant pour le site d’informations Al-Sahwa Net, et Refaat Al-Amiri, cameraman pour la chaîne d’opposition Suhail TV, qui réalisaient un reportage près d’une station service, sur l’augmentation du prix de l’essence, lorsqu’ils ont été agressés. Ahmed Firas, cameraman de la chaîne Suhail arrêté le 12 août 2011 par des militaires de la base aérienne d’Al-Daylami (sud-est de Sanaa), est quant à lui poursuivi pour appartenance à une bande armée et diffusion d’informations hostiles à la Garde républicaine. Au cours d’une séance d’interrogatoire début septembre, le journaliste a déclaré avoir été torturé. Frappé à l’aide de la crosse d’un fusil alors qu’il avait les yeux bandés, il a été copieusement insulté lors de son transfert de la base aérienne d’Al-Daylami au Département d’investigation criminelle.

TUNISIE

Sami Ben Abdallah, blogueur tunisien vivant en France, a été interdit de quitter le pays, le 6 septembre dernier, alors qu’il était à l’aéroport international de Tunis-Carthage, pour prendre un vol pour Paris. Alors qu’il s’apprêtait à embarquer, à 18h45, les autorités de l’aéroport l’ont averti qu’elles avaient obligation de “demander l’avis du ministère de l’Intérieur afin de savoir s’il fallait le laisser partir ou le retenir”. Le ministère s’est alors opposé à son départ et a fait parvenir à Sami Ben Abdallah, à 21h30, une convocation lui enjoignant de se présenter “dans les plus brefs délais” dans les locaux de la police judiciaire, suite à une plainte qui aurait été déposée contre lui, le 3 septembre dernier. Sami Ben Abdallah a été interrogé dès le lendemain matin, pendant huit heures, sans pouvoir avoir accès à son avocat, Me Karim Jouaihi. Officiellement, le blogueur a été interpellé pour avoir envoyé des SMS injurieux. Les messages incriminés seraient en fait des réponses à des menaces et insultes dont il avait lui même été victime, et pour lesquels il vient de déposer plainte.. Ses proches affirment que son arrestation a été motivée par ses écrits, publiés sur son blog et très critiques à l’égard des dirigeants politiques actuels. Sami Ben Abdallah a, entre autre, publié une série d’enquêtes sur Kamel El-Taief, un homme d’affaires proche de l’ancien président Zine el-Abidine Ben Ali.

MAROC

Le blogueur marocain Mohamed Dawas a été interpellé le 5 septembre 2011, à Fnideq, dans la région de Tanger-Tétouan, au nord du Maroc (sur la côté, au sud de Ceuta). Au commissariat, il aurait été frappé et contraint de signer un procès-verbal contre son gré. Son procès s’est ouvert le 8 septembre dernier. De nombreux blogueurs et militants ont pu y assister. La prochaine audience est prévue pour le 16 septembre. Mohamed Dawas, engagé dans la lutte anti-corruption, est administrateur du site d’information http://www.fnidaq.com et du groupe Facebook wikileaks.fnideq. Son avocat, Me Abd Essadek Elbichtawui, a affirmé à Reporters sans frontières que son client avait été arrêté pour un prétendu trafic de drogue, mais que son interpellation n’était due, selon lui, qu’à ses écrits. “Son arrestation est purement politique, Mohamed Dawas n’est malheureusement le premier dans ce cas. Nous espérons un procès équitable car nous sommes convaincus de son innocence”, a déclaré Me Abd Essadek Elbichtawui à l’organisation.
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Mise à jour le 20.01.2016