La répression contre les médias s’intensifie, le KGB perquisitionne les rédactions

La répression lancée contre les médias ayant couvert les manifestations post-électorales du 19 décembre 2010 prend, depuis quelques jours, une nouvelle ampleur. Depuis le 25 décembre, les locaux de trois médias et d’un parti d’opposition, les appartements de deux journalistes, de deux défenseurs des droits de l’homme, de deux anciens candidats présidentiels et de quatre de leurs conseillers ont été perquisitionnés et fouillés par les agents du Comité pour la sécurité d’Etat (KGB). Les forces de polices et les agents du KGB ont pénétré dans les bureaux de l’European Radio of Belarus (ERB) le 25 décembre et saisi des équipements, notamment des ordinateurs, des dictaphones, des caméras et des appareils photos. Le même soir, les officiers du KGB ont forcé les locaux que la chaîne de télévision Belsat loue à l’ex-candidat à la présidentielle, Alexeï Mikhalevitch, actuellement emprisonné. Cependant, la direction de Belsat ayant anticipé la perquisition, avait déjà déménagé son matériel dans d’autres locaux. Seule une note adressée au KGB avait été laissée sur l’écran d’un vieil ordinateur : “Spécialement pour vous”. Le 28 décembre 2010, l’hebdomadaire Nasha Niva a également été perquisitionné. Douze ordinateurs, disques durs et cartes mémoire ont été saisis. Le KGB a ensuite pénétré dans l’appartement d’Andreï Skurko, l’éditeur en chef du journal, et s’est emparé de son ordinateur. Selon lui, les officiers tentaient de mettre la main sur une séquence filmée pendant les manifestations du 19 décembre 2010, où un militant arrachait le drapeau du KGB pour le remplacer par celui de l’opposition. L’appartement de la rédactrice en chef du site charter97.org, Natalia Radzina, a aussi été fouillé, alors qu’elle se trouve toujours en détention. Alegh Hulak, responsable de l’organisation de défense des droits de l’homme Belarusian Helsinki Committee, décrit cette vague de perquisitions comme “l’exécution de la psychose gouvernementale”. Entre l’arrestation de près de trente journalistes et ces opérations, le gouvernement d’Alexandre Loukachenko semble vouloir vérouiller toutes les voies de communication afin d’endiguer la contestation. Au moins dix des journalistes arrêtés le 19 décembre sont toujours emprisonnés. Natalia Radzina et Irina Khalip (Novaïa Gazeta) encourent toujours une peine de 3 à 15 ans de prison, à l’instar des cinq candidats de l’opposition détenus. Reporters sans frontières condamne ces perquisitions systématiques qui semblent avoir pour objectif de saisir tous les documents concernant la couverture des élections présidentielles et les mouvements de contestation du 19 décembre 2010. L’organisation s’alarme de l’intensité de la répression. Elle appelle les institutions internationales et les gouvernements européens et russe à réagir fermement pour éviter que la politique du président Loukachenko contre la presse ne prenne encore une nouvelle ampleur.
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Updated on 20.01.2016