La rédaction d'une publication indépendante harcelée

Reporters sans frontières exprime son entière solidarité avec la rédaction de To Quoc (http://www.to-quoc.net) qui continue à publier ce bimensuel indépendant sur papier et en ligne au Viêt-Nam malgré les menaces. Interrogé par Reporters sans frontières, l'un des fondateurs de To Quoc a affirmé que ces menaces font partie du "dangereux plan des conservateurs" avant le prochain Congrès du Parti communiste. "Les autorités bloquent l'émergence d'une presse indépendante dans le pays. Mais plusieurs journalistes et intellectuels continuent, malgré les menaces et les arrestations, à produire sans autorisation des publications de qualité. Nous appelons le Premier ministre Nguyen Tan Dung à créer les conditions nécessaires à l'émergence d'un débat pluraliste avant le prochain Congrès et à faire cesser les violences contre la rédaction de To Quoc", a affirmé Reporters sans frontières. Le premier numéro du bimensuel To Quoc a vu le jour le 15 septembre 2008. Immédiatement, les personnes dont les noms figurent dans le comité de rédaction ont subi des pressions de toutes sortes. Ainsi, Dang Van Viêt, un officier de l'armée, a demandé à retirer son nom du comité de rédaction, suite à des menaces. Récemment, la pression s'est accentuée. Au début de février 2010, le rédacteur en chef adjoint Nguyen Thuong Long et le journaliste Nguyen Phuong Anh ont été interrogés par la police. Au début de mars, des agents ont affirmé à la femme et aux enfants de l’ancien colonel Pham Que Duong, ancien directeur de To Quoc, qu'ils allaient avoir de sérieux problèmes d'emploi s'ils n'obtenaient pas de lui qu'il arrête de collaborer au magazine. Le géologue Nguyen Thanh Giang, fondateur de To Quoc, a récemment été convoqué et interrogé plusieurs fois dans un commissariat. Les autorités jugent "illégale" la publication de To Quoc, et ont menacé de représailles Nguyen Thanh Giang s'il n'arrêtait pas la parution. Le 23 mars, des voyous se sont introduits chez le médecin Pham Hong Son, dont certains articles ont été publiés dans To Quoc, menaçant de verser de l'urine et des excréments s'il continuait à écrire des articles sur Internet. Dans le passé, plusieurs rédacteurs de To Quoc ont été interpellés et menacés par la police, Vu Cao Quân, dissident, Tran Khai Thanh Thuy, écrivaine, Nguyên Xuân Nghia, écrivain, et Pham Hong Duc. Interrogé par Reporters sans frontières, l'un des fondateurs de To Quoc a expliqué : "To Quoc a pour but de contribuer au processus de démocratisation du Viêt-Nam, de défendre les droits de l’homme, la liberté d’expression et la liberté de religion. Tout cela, en s’exprimant de façon modérée et avec des arguments justes. C’est pour ces raisons que To Quoc est respecté par les démocrates vietnamiens, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, mais il est également de plus en plus accepté par des membres du Parti. Certains au sein du pouvoir estiment que To Quoc aide à l’évolution pacifique du pays. Mais éliminer To Quoc semble faire partie du projet conservateur avant le 11e Congrès du Parti." Au cours des derniers mois, des responsables de la publication dissidente Tu Do Ngon Luan ont également été harcelés par la police.
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Mise à jour le 20.01.2016