La protection et la sécurité des journalistes à l’épreuve des affrontements d’après scrutin

Les effets de la polarisation médiatique extrême qui sévit au Venezuela sont plus que jamais à craindre, alors que l’élection de Nicolás Maduro à la présidence de la République est contestée par l’opposition en raison du faible écart de voix. Les manifestations en cours ou à venir dans plusieurs régions du pays accentuent les risques déjà élevés pesant sur la sécurité des journalistes et la liberté d’information. Dans la journée du 15 avril, deux incidents portés à la connaissance de l’organisation ont émaillé les protestations de l’opposition en faveur d’un recomptage intégral des bulletins. A Caracas, des partisans du candidat d’opposition Henrique Capriles Radonski ont assiégé le bâtiment de la chaîne d’informations latino-américaine TeleSur et celui de la principale télévision d’État, Venezolana de Televisión (VTV). Les directions des deux chaînes ont dénoncé des menaces et insultes proférées contre leur personnel. L’Institut Presse et Société au Venezuela (IPYS Venezuela) a, quant à lui, signalé la détention, le même jour à San Francisco (État de Zulia - Nord-Ouest), de son correspondant régional Juan José Faria, du photographe Eduardo Méndez et de leur chauffeur Yolman Bejarano, employés du quotidien privé local La Verdad. Les trois hommes couvraient un concert de casseroles (“cacerolazo”) convoqué par l’opposition, lorsque la police les a arrêtés au motif de “déstabilisation”. Après confiscation de leur matériel professionnel et de leurs téléphones portables, les journalistes et leurs chauffeurs ont été maintenus en détention jusqu’à leur comparution, prévue ce 16 avril, en audience préliminaire. “Dans un contexte où chaque média, et surtout chaque journaliste, risque de devenir l’otage d’une situation politique explosive, nous formulons trois recommandations urgentes, dans le sillage de celles émises avant le vote du 14 avril : - que les autorités compétentes garantissent équitablement la sécurité des journalistes envoyés sur les lieux de manifestations et contre-manifestations; - que la parole des camps politiques en présence et de leurs militants soit relayée au sein des médias de la manière la plus équilibrée; - que les éditorialistes et directeurs de médias s’abstiennent de toute surenchère et d’accusations mutuelles qui ne peuvent qu’aggraver le danger encouru par leurs journalistes de terrain. Cet appel engage évidemment la responsabilité des deux principaux acteurs du scrutin : le président élu Nicolás Maduro et son concurrent Henrique Capriles Radonski. L’un et l’autre ont le devoir de veiller au respect des libertés constitutionnelles fondamentales : la sécurité, le droit de circulation et l’information pluraliste”, a déclaré Reporters sans frontières qui souhaite voir ses recommandations reprises au sein de l’Organisation des États américains (OEA), de la Communauté des États latino-américains et caribéens (CELAC) et de l’Union des nations sud-américaines (UNASUR).
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Updated on 20.01.2016