La presse prise entre deux feux

Reporters sans frontières est fortement préoccupée par la détérioration des conditions de travail des journalistes népalais. D'une part, ils font l'objet d'arrestations arbitraires et d'un harcèlement constant des forces de sécurité et, d'autre part, ils sont les cibles d'attaques et d'enlèvements par des groupes armés maoïstes. Bien que l'état d'urgence ait été levé par le roi Gyanendra, le 30 avril 2005, la situation demeure désastreuse pour les professionnels de l'information qui doivent composer avec une censure bien ancrée. Reporters sans frontières demande au gouvernement de Katmandou de rétablir les valeurs démocratiques et la liberté de la presse. «Restreindre la liberté d'expression ne permettra pas au pays de sortir de la crise actuelle. En outre, Il est du devoir des forces de sécurité d'assurer la protection des journalistes, et non de les arrêter de façon arbitraire», a déclaré l'organisation. Reporters sans frontières condamne également fermement les violences commises à l'encontre de la presse par les groupes maoïstes. Le 13 mai, hors de tout cadre légal, le journaliste Maheshwor Pahari du quotidien Rastriya Swabhiman, a été une fois encore arrêté alors qu'il s'apprêtait à quitter les locaux de la prison de Kaski, à Pokhara (centre du pays). La police l'a interpellé immédiatement après qu'il avait purgé une peine de six mois de détention, et conduit au poste de police de Ward à Bagar, quartier du nord de Pokhara. Maheshwor Pahari a été emprisonné à plusieurs reprises depuis le 2 janvier 2004. Le 18 mai, Kanakmani Dixit, directeur de publication du magazine Himal Khabar Patrika, a été interrogé par Sthaneswor Devkota, le responsable administratif du district de Lalitpur (banlieue de Katmandou), à propos d'articles dans lequel le journaliste préconisait la monarchie constitutionnelle et la démocratie parlementaire. Il a été sommé de s'expliquer par écrit. Les médias sont également dans la ligne de mire des rebelles maoïstes. Dans la nuit du 17 au 18 mai, trois insurgés ont neutralisé les gardiens de la chaîne d'Etat Nepal Television, située à Palpa (ouest du pays), se sont introduits dans les locaux et ont fait exploser les émetteurs. Reporters sans frontières condamne également l'enlèvement du journaliste Som Sharma, de l'hebdomadaire Aankha, à son domicile de la ville de Mangalbare Bazaar, dans l'Est, le 13 mai. Bien que l'enlèvement n'ait pas encore été revendiqué, il semblerait que des rebelles maoïstes soient à l'origine de cet acte.
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Updated on 20.01.2016