La police perquisitionne The New Times à Moscou

Le 2 septembre 2010, des policiers armés et cagoulés - menés par le colonel Stanislav Pachkovski, responsable de la Direction générale des affaires intérieures (GUVD) pour la région de Moscou – sont venus perquisitionner les locaux de la rédaction de l’hebdomadaire indépendant The New Times, à Moscou. Lors de cette fouille de trois heures, le colonel Stanislav Pachkovski a exigé l’obtention de tous les documents relatifs à une interview, parue dans The New Times, en février 2010. Il s’agit d’une série d’entretiens avec des agents de l’Omon (unité anti-émeutes de la police, rattachée au ministère de l’Intérieur), publiée dans le cadre de l’article "Esclaves des Omon" du journaliste Ilya Barabanov (lauréat 2010 du prix Peter Mackler). Ces policiers, qualifiés d’"interlocuteurs" dans l’interview, dénonçaient des abus d’autorité et des affaires de corruption au sein de l’Omon. Evguénia Albats, rédactrice en chef de l’hebdomadaire, a accepté de remettre le script de l’interview mais s’est refusée à révéler les noms des sources et à fournir les enregistrements audio, qui auraient pu permettre l’identification des agents interviewés. La rédactrice en chef a invoqué l’article 41 de la loi sur les médias, qui protège les sources journalistiques. "Nous ne trahirons pas les personnes qui nous confient des informations", a-t-elle déclaré, en précisant qu’il ne faisait "aucun doute que le but premier de cette opération était d’effrayer les journalistes de The New Times et des autres médias." En raison de cette enquête sur l’Omon, The New Times fait l’objet, depuis le mois d’avril, d’une plainte pour "diffamation", déposée par le ministère de l’Intérieur. Le 14 avril 2010, Reporters sans frontières avait dénoncé la tentative de la police moscovite de perquisitionner le journal, après une décision rendue par le tribunal de Tverskoi (Moscou). L’organisation avait rappelé "la nécessité de protéger le secret des sources, pilier du journalisme d’investigation". Plus d’informations sur : http://fr.rsf.org/russie-new-times-novoie-vremia-le-secret-14-04-2010,37009.html Reporters sans frontières réitère son soutien au magazine et à toute la rédaction, qui a le courage de mener de véritables investigations journalistiques sur des sujets d’intérêt général, ce qui est l’essence même du journalisme. La protection du secret des sources des journalistes est un élément essentiel de la liberté de la presse, sans laquelle le journalisme d’investigation ne peut exister. Reporters sans frontières condamne également les interventions répétées de la Direction générale des affaires intérieures (GUVD) pour la région de Moscou, ayant pour but de forcer des journalistes de Kommersant, Svobodnaïa pressa, Gazeta.ru et Novaïa Gazeta à révéler leurs sources. Voir le communiqué "Enquête sur le saccage d’un bâtiment officiel de Khimki : journalistes interrogés et matériel confisqué." La Russie se trouve à la 153e place (sur 175 pays) du classement mondial de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse en 2009.
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Updated on 20.01.2016