La police ne peut être utilisée contre la liberté d’informer

"Nous sommes inquiets. Si l'Elysée a réellement donné des consignes visant à violer la loi sur le secret des sources journalistiques dans l'affaire Woerth-Bettencourt, il s’agirait d’une atteinte à la liberté de la presse aussi grave que la mise sur écoute téléphonique de journalistes. " Reporters sans frontières apporte tout son soutien au journal Le Monde dans sa volonté d'établir si l'Etat a, oui ou non, violé le secret des sources. "Cette affaire doit être prise avec le plus grand sérieux. Nicolas Sarkozy avait fait du renforcement de la protection des sources des journalistes une promesse de campagne. Une loi a même été votée au début de l'année (http://fr.rsf.org/france-protection-des-sources-adoption-d-22-12-2009,35425.html). Il serait inacceptable que l'Elysée soit le premier à ne pas respecter une loi voulue par le chef de l'Etat", a déclaré Reporters sans frontières. "D'une manière générale, dans le cadre de l'affaire Woerth-Bettencourt, nous avons le sentiment que la majorité présidentielle s'est lancée dans une guerre incompréhensible contre la presse d'investigation. Cette attitude n'est pas acceptable dans un État démocratique", a ajouté l’organisation. Au-delà de la plainte que va déposer Le Monde, les parlementaires devraient se saisir de cette affaire, et créer, si nécessaire, une commission d'enquête pour déterminer si la loi du 4 janvier 2010 a bien été violée par l'Elysée. Le 13 septembre 2010, Le Monde a accusé « l’Elysée d’avoir utilisé le contre-espionnage » afin d’identifier une des sources d’un journaliste qui travaillait sur l’affaire Woerth-Bettencourt. Le Monde considère que « l’Elysée a eu recours à des procédés qui enfreignent directement la loi sur la protection du secret des sources des journalistes », tentant ainsi de « mettre un terme aux révélations sur cette enquête ». Par conséquent, Le Monde va déposer une plainte contre X pour violation du secret des sources (http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/09/13/le-monde-l-elysee-et-la-liberte-d-informer_1410326_3232.html#ens_id=1410691). L’Elysée a immédiatement démenti ces accusations. Pourtant, Le Monde affirme que sur la base de relevés téléphoniques, la source incriminée a été identifiée : David Sénat, conseiller pénal au cabinet de la Garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie. Il a été appelé à quitter ses fonctions et s’est vu proposer une mission en Guyane. Reporters sans frontières rappelle que la loi sur la protection des sources, indispensable à l’investigation journalistique, constitue aujourd’hui un des piliers de la liberté de la presse en France. Reporters sans frontières ne saurait admettre que les services du Renseignement de la police soient utilisés contre la liberté d’informer.
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Updated on 20.01.2016