La peine de Reyot Alemu réduite de quatorze à cinq ans de prison

Le 3 août 2012, la cour suprême fédérale d'Ethiopie a réduit la peine de l'éditorialiste Reyot Alemu à cinq ans de prison. Les deux premières charges retenues contre elle en janvier dernier ("réception d'argent de la part de sources illégales" et "conspiration et possession de matériel pour un acte terroriste") ont été abandonnées, mais la troisième ("participation à la promotion ou à la communication d'un acte terroriste") a été maintenue. La journaliste est écrouée dans la prison de Kality, en périphérie d'Addis-Abeba. "Depuis le début de cette affaire, nous répétons que le fait d'être en contact avec des opposants politiques ne fait pas d'un journaliste un terroriste. La loi anti-terroriste de juillet 2009, sur la base de laquelle Reyot Alemu est poursuivie, est utilisée à mauvais escient et de façon liberticide. Cela avait culminé avec la décision d'une haute cour fédérale de condamner la journaliste à quatorze ans de prison et à une amende de 1850 dollars américains. Comme son confrère Woubeshet Taye, Reyot Alemu n'aurait jamais dû être jetée en prison. Nous attendons que ces deux journalistes soient acquittés et libérés", a déclaré Reporters sans frontières. La cour suprême a estimé que, malgré les éléments prouvant que Reyot Alemu avait été payée pour ses reportages par Elias Kifle, fondateur d'Ethiopian Review, un site d'information d'opposition basé aux Etats-Unis, l'accusation n'avait pas réussi à prouver combien d'argent avait circulé ni que son obtention était illégale et provenait d'une organisation terroriste. La cour a aussi jugé que les accusations de "conspiration et de possession de matériel pour un acte terroriste" ne reposaient pas sur des preuves suffisantes, mais a confirmé la décision de la haute cour estimant que les actions de Reyot Alemu constituaient un soutien à une entité liée à des organisations reconnues comme terroristes par le Parlement. La cour suprême maintient la condamnation de Reyot Alemu en vertu de l'article 652/7 de la loi anti-terroriste parce que son travail constituerait "une collaboration à la violence" et qu'elle aurait rapporté des informations sur des individus recrutés par Elias Kifle dans le but de nuire à l'ordre constitutionnel et de causer des destructions. Les cinq ans de prison imposés à Reyot Alemu par la cour suprême correspondent à la peine minimum prévue par l'article 652/7 de la loi anti-terroriste. La cour suprême n'a pas commenté l'amende infligée par la haute cour. Reyot Alemu, éditorialiste pour l'hebdomadaire Fitih, et Woubeshet Taye, directeur adjoint de l'hebdomadaire Awramba Times – lequel a cessé de paraître – avaient été condamnés en janvier dernier à 14 ans de prison pour "participation à une organisation terroriste et préparation d'une attaque terroriste". Photo : Reyot Alemu
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Mise à jour le 20.01.2016