La peine de Dinh Dang Dinh maintenue en appel, à l’issue d’un procès expéditif

Le procès, une nouvelle fois expéditif, de Dinh Dang Dinh, n’a duré que quarante-cinq minutes. La sentence a été confirmée : le blogueur est condamné à six ans de prison. Reporters sans frontières s’insurge contre cette décision et appelle la communauté internationale à réagir au plus vite. “Nous appelons Catherine Ashton, haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, a dénoncé ces nouvelles condamnations. Si les autorités vietnamiennes continuent de durcir la répression à l’encontre des cyberdissidents et des blogueurs, il n’y aura bientôt plus une seule voix pour dénoncer la situation des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans le pays”, a déclaré l’organisation. Lors de l’audience, à laquelle ont pu assister son épouse et sa fille, Dinh Dang Dinh a plaidé non-coupable. Le blogueur a affirmé qu’il avait utilisé son “droit à la liberté d’expression, garantit par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme”, et qu’il “n’(avait) donc commis aucun crime”. Il a également dénoncé l’attitude de la police chargée de l’enquête qui, en février dernier, avait fait pression pour obtenir la signature d’aveux, prétendant qu’elle devait lui permettre d’“obtenir le pardon et la commutation” de sa peine. _______________ 20.11.2012: Ouverture du procès en appel du blogueur Dinh Dang Dinh A la veille de l’ouverture du procès en appel du blogueur Dinh Dang Dinh, Reporters sans frontières appelle les autorités judiciaires à ne pas transformer à nouveau son procès en parodie de justice, comme ce fut le cas en première instance. “Nous demandons la relaxe de Dinh Dang Dinh. L’utilisation de l’article 88 pour justifier des charges qui pèsent contre lui est abusive. Et son état de santé inquiétant nécessite des soins immédiats, que les établissements pénitentiaires du pays sont incapables de fournir”, a déclaré l’organisation. Selon les informations obtenues par l’organisation, Dinh Dang Dinh a été victime de maltraitance de la part du personnel pénitencier. Son épouse, préoccupée par l’état de santé de son mari, a déposé une demande d’autorisation d’hospitalisation auprès de la prison et de la police. Le blogueur avait été condamné le 10 août 2012 pour “propagande contre l’Etat” par un tribunal de la province de Dak Nong (Centre) en vertu de l’article 88, alinéa 1.c, du code pénal, notamment pour avoir écrit des articles en ligne sur la corruption de certains officiels et sur le sujet sensible de l’exploitation des mines de bauxite. Lors du procès en première instance, Dinh Dang Dinh n’avait pas pu, faute de moyens, bénéficier d’un avocat. Son procès avait alors été expédié au cours d’une audience unique qui avait duré seulement trois heures. De nombreux autres cyberdissidents et blogueurs sont réprimés de la sorte par les autorités : le 11 août 2012, le tribunal d’Hanoï a condamné le blogueur Le Thanh Tung à cinq ans de prison ferme puis à quatre ans d’assignation à résidence, pour infraction à l’article 88 du Code pénal. Le 24 septembre 2012, le tribunal populaire d’Ho Chi Minh Ville (sud du pays) a condamné, pour “propagande contre l’Etat”, le blogueur Nguyen Van Hai (Dieu Cay) à 12 ans d’emprisonnement suivis de 5 ans d’assignation à résidence, et la blogueuse Ta Phong Tan à 10 ans suivis de 5 ans d’assignation à résidence. Leur co-défenseur, le blogueur Phan Thanh Hai (Anh Ba Saigon), le seul à avoir plaidé coupable, a écopé de la peine la moins lourde, 4 ans de prison suivis de 3 ans d’assignation à résidence. Paulus Lê Son est, lui aussi, toujours en détention. Le Vietnam est l’un des “Ennemis d’Internet” recensés par Reporters sans frontières, pour son recours systématique à la cybercensure. Avec au moins dix-neuf blogueurs et cyber-dissidents emprisonnés, le pays est actuellement la troisième prison du monde pour les net-citoyens, derrière la Chine et l’Iran.
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Updated on 20.01.2016