La Mission internationale pour la liberté de la presse dénonce une situation dangereuse pour les médias népalais

La Mission internationale pour la liberté de la presse et la liberté d'expression (également connue sous le nom de Mission internationale des médias) s'est rendue au Népal du 5 au 8 février 2009, afin de faire une estimation de la situation de la liberté de la presse dans le pays. La Mission internationale était représentée par Article 19, la Fédération internationale des Journalistes (IFJ), l'International Media Support (IMS), l'International Press Institute (IPI), Reporters sans frontières (RSF), l'UNESCO et le Word Press Freedom Committee (WPFC). Sa conclusion principale est que la liberté de la presse au Népal continue à être fortement menacée, mais qu'il existe un espoir de voir la situation s'améliorer avec le rétablissement d'un gouvernement démocratique. La Fédération des journalistes népalais (FNJ) a enregistré 342 violations de la liberté de la presse en 2008, avec une augmentation significative d'attaques physiques sur les journalistes et les locaux des médias. Quatre journalistes, Uma Singh, J.P. Joshi, Birendra Sah et Pushkar Bahadur Shrestha, ont été tués depuis 2006. La Mission internationale appelle les autorités à enquêter rapidement et de manière impartiale sur ces cas précis mais aussi sur tous les autres cas de meurtres et de disparitions de journalistes. Un autre journaliste, Prakash Singh Thakuri, a disparu depuis juillet 2007. A la fin de l'année dernière, le gouvernement a retiré les charges qui pesaient contre un suspect dans cette affaire. Celui-ci a été libéré sous caution. Le Premier ministre, Pushpa Kamal Dahal, a assuré à la Mission internationale que la procédure serait rouverte. La Mission internationale demande également qu'une enquête soit ouverte pour le meurtre de Dekendra Thapa, après que son corps sans vie avait été découvert l'année dernière. La Mission est très préoccupée par les attaques de locaux de médias : Kantipur, Himal Media, Ankush Daily, Ramaroshan FM et APCA Group. De telles attaques à l'encontre de travailleurs des médias et de publications sont inacceptables. Les coupables doivent être reconnus responsables de leurs actions. La Mission internationale est préoccupée par le fait que la procédure qui aurait dû être suivie pour les cas des journalistes détenus Rishi Dhamala, Ram Subhak Mahato, Birendra K.M. et Manoj Mahato, ne l'a pas été. L'affaire de l'enlèvement de Pankaj Das à Birgunj, au moment où la mission se trouvait dans le pays, doit être rapidement suivie par les autorités. Les attaques, les menaces et les harcèlements continuels subis par le personnel et les médias ont un effet très néfaste sur la liberté de la presse. Un débat libre et ouvert est gâché par l'autocensure forcée, et menace sérieusement la paix et le processus de démocratisation actuellement en cours dans le pays. On peut observer un "modèle" dans ces attaques et ces harcèlements. Ceux qui couvrent les événements de manière critique subissent des violences et les auteurs ne sont pas punis. Les autorités ne remplissent pas leurs devoirs : prévenir, punir et réparer le mal qui est la conséquence de telles agressions. La violation des droits des journalistes est une violation directe du droit à l'information. De plus, les liens entre les partis politiques et certains auteurs de ces actes violents prouveraient le consentement, voire une possible complicité, des partis politiques dans ces violences. La Constitution népalaise et les textes internationaux, signés par le Népal, exigent que l'Etat préviennent ces abus. Les femmes journalistes, déjà sous-représentées dans la profession, sont plus vulnérables aux attaques et aux harcèlements. Elles sont forcées de quitter leur travail ou de déménager à cause des pressions qu'elles subissent. La Mission internationale note que, jusqu'à présent, personne n'a été condamné pour un acte criminel contre un journaliste ou des locaux de médias, et elle appelle le Premier ministre et le gouvernement à respecter leurs engagements pour mettre fin à l'impunité. La Mission internationale exhorte le gouvernement et les partis politiques à mettre rapidement en application les recommandations pour la liberté d'expression et la liberté de la presse définies dans le "Programme pour le changement" (Agenda for change). La Mission attire particulièrement l'attention sur les six points suivants : - La liberté d'expression doit être garantie pour tous et la liberté de la presse doit être inscrite dans la nouvelle Constitution. - Le droit à l'accès à l'information devrait être mis en application de manière à que la priorité soit toujours la divulgation de l'information. - Le gouvernement devrait mettre fin à son contrôle direct sur des médias et présenter une loi créant des médias publics. - Un régulateur indépendant pour le secteur des radios et télévisions devrait être mis en place pour mettre fin au contrôle direct du gouvernement. - La criminalisation de la diffamation doit être abolie et ses délits ne doivent être poursuivis qu'en vertu du code civil. - La loi sur les journalistes travailleurs devrait être appliquée et accompagnée par un dialogue régulier entre les travailleurs et les propriétaires de médias. De plus, la Mission exhorte l'Assemblée constituante à former un comité pour tracer les grandes lignes des réformes proposées par le "Programme pour le changement", ainsi qu'à réagir à la situation de la liberté de la presse dans le pays. La Mission internationale est convaincue que tous les médias indépendants doivent s'unir autour d'un objectif commun : protéger la liberté d'expression. La Mission pousse la communauté internationale à soutenir les médias népalais dans leurs efforts pour défendre la liberté de la presse. La Mission reste engagée dans le soutien et la défense de la liberté d'expression et de la presse au Népal, en coopération avec ses partenaires locaux. La Mission internationale La Mission s'est rendue au Népal en février 2009 à la demande de la Fédération des journalistes népalais et d'autres membres de la communauté des médias népalais. Elle a rencontré le Premier ministre, plusieurs ministres, des membres de l'Assemblée constituante, des dirigeants du gouvernement, des représentants des partis politiques d'opposition, des chefs des forces de sécurité, des médias et des organisations de société civile. Les membres de la Mission se sont également rendus à Janakpur, dans le district de Dhanusha, où la journaliste Uma Singh a été assassinée le 11 janvier 2009. La Mission comporte quinze organisations internationales : des agences de l'ONU, des associations internationales de médias, des défenseurs de la liberté d'expression et des organisations de développement des médias. C'est la sixième visite de la Mission Internationale au Népal, les précédentes visites datant de juillet 2005, mars 2006, septembre 2006, janvier 2008 et avril 2008. Les membres de la Mission remercient la Fédération des journalistes népalais et les autres organisations nationales de médias qui ont préparé la visite. Elle reconnaît l'importance de la coopération étroite avec les partenaires locaux, ce qui garantit un processus d'envergure nationale pour garantir la liberté de la presse au Népal.
Publié le
Updated on 20.01.2016