La loi anti-terroriste "véritable menace pour les médias", un journaliste identifié par Wikileaks contraint de fuir

Reporters sans frontières exprime son inquiétude pour les journalistes éthiopiens après la détention et les poursuites pour "terrorisme" lancées contre des reporters locaux et étrangers, une éditorialiste et une personnalité critique de longue date du gouvernement, laquelle a été arrêtée par les autorités, le 15 septembre 2011, à Addis-Abeba, en même temps que quatre membres de partis d'opposition. "Les dix années qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001 ont été marquées, dans plusieurs régions du monde, par l'adoption de législations anti-terroristes liberticides. Nous ne cessons de dénoncer ces textes qui permettent souvent aux autorités des pays concernés de réprimer les médias et la liberté d'expression, au nom d'arguments sécuritaires. La loi anti-terroriste votée en Ethiopie en 2009 est aujourd'hui devenue une véritable menace pour les journaliste dans ce pays", a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Son application et les arrestations de journalistes qu'elle suscite engendrent peur et incertitude au sein de la communauté des médias. Une partie de la presse éthiopienne est certes très virulente. Certains professionnels des médias flirtent avec les lignes rouges, pratiquent un journalisme militant, et sont proches de personnalités de l'opposition politique. Mais nous dénonçons le fait que cette loi place une épée de Damoclès sur quiconque souhaite s'exprimer librement", a-t-il ajouté. Eskinder Nega et les quatre membres de l'opposition ont été arrêtés pour leur implication présumée dans la préparation "d'actes terroristes". Ils sont soupçonnés d'être liés au groupe d'opposition "Ginbot 7", récemment qualifié de "terroriste" par le parlement et dirigé par Berhanu Nega, désormais en exil aux Etats-Unis. Plus tôt cet été, quatre journalistes avaient déjà été arrêtés et sont inculpés en vertu de la loi anti-terroriste. Il s'agit des deux Suédois, Johan Persson et Martin Schibbye, et des deux Ethiopiens, Reyot Alemu et Woubeshet Taye. Plus d'informations Dans une autre affaire, un journaliste identifié par le site Wikileaks a été contraint de fuir le pays après avoir été plusieurs fois interrogé et que la police l'a selon lui forcé, le 8 septembre dernier, à révéler sa source. Dans le document en question, Argaw Arshine évoquait les projets supposés du gouvernement de fermer le principal journal indépendant et critique à l'époque, Addis Neger. "Aucun responsable ne lui a demandé de divulguer ses sources, a affirmé Bereket Simon, porte-parole du gouvernement éthiopien. D'après la loi éthiopienne, aucun responsable ne peut lui demander de révéler ses sources. Nous n'avons aucun problème à le laisser revenir". Reporters sans frontières demande au gouvernement éthiopien de garantir des procès justes et transparents et de rassurer la presse sur le fait que la loi ne sera pas utilisée pour s'en prendre aux journalistes critiques et étouffer les voix contestataires. Voir aussi : Agence Kontinent
Section suédoise de Reporters sans frontières
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016