La liste des sites bloqués s'allonge

Le 20 mai, l'Autorité de télécommunication (PTA) a annoncé avoir demandé aux fournisseurs d'accès Internet de bloquer le site de partage de vidéos YouTube pour blasphème. D'après une source proche de la PTA, ce blocage serait lié à "La journée des dessins de Mahomet" et à un transfert de caricatures de Facebook à YouTube. La PTA a justifié la censure en fustigeant la multiplication des contenus sacrilèges. Certaines pages de Wikipedia et de Flickr ont aussi été bloquées officiellement pour des raisons similaires. La PTA a aussi demandé au service de téléphonie mobile Blackberry d'interrompre l'accès à Internet à ses utilisateurs. Reporters sans frontières est très inquiète de l'évolution des événements. "La censure s'étend et nous craignons que le Pakistan ne mette en place une véritable politique de filtrage du Net à long terme. Nous renouvelons notre appel aux autorités de mettre fin au blocage de ces sites." La PTA a déclaré qu'elle serait reconnaissante aux responsables de Facebook et de YouTube de la contacter afin de résoudre le problème au plus vite dans un esprit de respect et d'harmonie religieuse. Dans un communiqué publié le 19 mai, Facebook a fait part de sa déception concernant le jugement de la Cour et l'exécution de l'injonction sans avertissement. "Nous analysons la situation et les implications judiciaires, nous prendrons les mesures appropriées qui pourraient inclure l'impossibilité pour les usagers du Pakistan d'accéder aux pages incriminées." ------------------------------------------------------------ 19/05/2010 - Facebook inaccessible depuis le Pakistan à cause d'un concours de caricatures Le 19 mai 2010, la Haute Cour de Lahore, au Pakistan, a ordonné à l'Autorité de télécommunication (PTA) de bloquer le site Facebook à cause d'un concours intitulé "La journée des dessins de Mahomet" qui encourageait les utilisateurs à poster des caricatures. Elle statuera à nouveau sur le sort du réseau social le 31 mai 2010. Reporters sans frontières dénonce la décision du tribunal et demande à la Cour de revenir au plus vite sur sa décision. "L'accès à Facebook doit être rétabli. C'est une mesure totalement disproportionnée. Tout le site a été entièrement bloqué alors qu'un simple groupe était blâmé par les autorités, qui ont décidé d'appliquer une censure a priori. Le blocage total pénalise les quelque 2,3 millions d'utilisateurs de Facebook au Pakistan en les privant des capacités d'échanges, de mobilisation et d'informations du réseau social", a déclaré l'organisation. La satire est fréquemment utilisée sur Facebook pour discuter de sujets sensibles mais représenter Mahomet est interdit par l'islam. Les organisateurs du concours le présentent comme une réponse sarcastique aux menaces qu'ont reçues les producteurs de la série américaine South Park, qui avaient représenté dans un épisode le prophète vêtu d'un costume d'ours. En 2006, la publication des caricatures de Mahomet dans un journal danois avait provoqué de violentes réactions et manifestations dans de nombreux pays. Une cinquantaine de personnes avaient été tuées dont quatre au Pakistan. Le gouvernement avait déjà fait bloquer par la PTA, le 18 mai, la page de Facebook incriminée. L'affaire a été portée en justice en référé par le Mouvement des avocats islamiques. D'après l'avocat Chaudhry Zulfiqar Ali, le Pakistan devrait prendre exemple sur la Chine, les Emirats Arabes Unis et l'Arabie Saoudite qui ont déjà interdit Facebook. Le parti islamique Jamiat Ulema-e-Islam propose quant à lui de bloquer tous les sites occidentaux. Des milliers d'utilisateurs ont soutenu une campagne en envoyant des sms et des e-mails pour encourager le boycott de Facebook avant même la décision de justice. Le juge Ejaz Chaudhry a ordonné à la PTA de faire bloquer le site. Cette dernière a transmis l'injonction aux fournisseurs d'accès Internet (FAI). Wahaj-us-Siraj, le CEO de Nayatel, l'un de ces FAI, a déclaré à l'AFP, le 19 mai au matin, avant que Facebook ne devienne inaccessible, que "bloquer le site en entier provoquerait le  mécontentement des internautes, car le réseau social y est très populaire (...) Nos juges ne sont pas très au point techniquement. Ils ont ordonné le blocage du site, mais ils auraient dû choisir une meilleure méthode, en bloquant seulement un URL particulier". Le Pakistan avait, en 2008 bloqué pendant quelques jours le site de partage de vidéos YouTube, également en raison de caricatures de Mahomet.
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Mise à jour le 20.01.2016