La liberté de la presse toujours malmenée

Alors que les Etats-Unis se félicitent, à tort, de mesures prises en faveur de la liberté de la presse en Tunisie et que la France souligne son attachement au respect effectif des droits de la personne et des libertés fondamentales, une journaliste est victime d'une campagne de diffamation orchestrée par la presse progouvernementale, et la distribution d'un hebdomadaire français a été interdite.

Alors que les Etats-Unis se félicitent, à tort, de mesures prises en faveur de la liberté de la presse en Tunisie et que la France souligne son attachement au respect effectif des droits de la personne et des libertés fondamentales, une journaliste est victime d'une campagne de diffamation orchestrée par la presse progouvernementale, et la distribution d'un hebdomadaire français a été interdite. « Nous tenons à rappeler que les professionnels des médias ne peuvent pas s'exprimer librement en Tunisie. Nous demandons aux autorités internationales de ne plus cautionner le gouvernement de Zine el-Abidine Ben Ali sous prétexte de préserver la stabilité régionale et de lutter contre le terrorisme. La sérénité du Maghreb passe au contraire par l'instauration de la démocratie et de valeurs fondamentales telles que la liberté de la presse», a déclaré Reporters sans frontières. Campagne de diffamation contre une journaliste Sihem Bensedrine, directrice du magazine en ligne Kalima et militante des droits de l'homme, a fait l'objet d'une campagne de presse obscène. Plusieurs quotidiens proches du pouvoir, dont Al-Chourouk, Al-Hadith et As-Sarih ont publié, les 8 et 11 mai derniers, des articles insultants dans lesquels ils l'accusent, entre autres, de vendre sa conscience et de « louer son dos » (se prostituer en pratiquant la sodomie). Mme Bensedrine est traitée de « folle », « hystérique », « haineuse » et de « création diabolique ». Le président Ben Ali qui a souvent fait état de « sa grande fierté de la position de choix qu'occupe la femme dans la société, des droits dont elle jouit », a pourtant, lors de la Journée nationale de la Culture, fait officier de l'Ordre national du mérite culturel le rédacteur en chef d'Al-Chourouk, Abdelhamid Riahi, celui-là même qui a titré son article sur Sihem Bensedrine « Quand la vipère réapparaît…nous l'écraserons sous nos pieds ». Un magazine censuré Par ailleurs, le numéro 2315, du 22 au 28 mai 2005, de l'hebdomadaire Jeune Afrique-l'Intelligent a été interdit de vente en Tunisie. Ce numéro comportait un article qui traite de l'interpellation de plusieurs avocats dans le pays. Pour rappel, Me Abbou a été condamné, le 1er mars dernier, à trois ans et demi de prison pour avoir prétendument agressé physiquement l'un de ses confrères et pour avoir publié sur le site Tunisnews, en août 2004, un article dans lequel il comparait les tortures infligées en Tunisie à des prisonniers politiques aux exactions de soldats américains à Abou Ghraib. Toutefois, selon de nombreux observateurs présents au procès, sa condamnation serait due en réalité à un autre article, publié sur Internet quelques jours avant son arrestation, dans lequel il critiquait l'invitation faite à Ariel Sharon d'assister au Sommet mondial sur la société de l'information, qui doit se tenir à Tunis en novembre prochain, et dénonçait, sur un ton ironique, la corruption de la famille du Président.
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Mise à jour le 20.01.2016