La journaliste Albertina Manueles Pérez accusée de sédition pour avoir donné la parole à des Indigènes

Dans un contexte toujours aussi répressif pour les médias communautaires, la journaliste Albertina Manueles Pérez, correspondante de la station indépendante Radio Progreso fait l’objet d’une accusation de sédition à l’encontre de la sécurité intérieure. Elle est appelée à comparaître devant le Tribunal du département de Intibucá (Ouest) le 24 juin 2014. Reporters sans frontières dénonce une fois de plus le harcèlement de Radio Progreso par les autorités. Albertina Manueles Pérez a diffusé un communiqué dans lequel la population de San Francisco de Opalaca, (majoritairement indigène Lenca) refuse de reconnaître la légitimité de José Socorro Sánchez (Parti national), élu maire, selon elle, dans des conditions frauduleuses lors des élections générales du 23 novembre 2013. Selon le Conseil civique d'organisations populaires indigènes du Honduras (Copinh), qui regroupe les habitants de plus de 35 communautés indigènes de la région, le scrutin était favorable au candidat ressortissant du Parti libre, Entimo Vásquez. En plus de la journaliste qui couvre le conflit entre la communauté indigène et la municipalité depuis le début de la crise, le tribunal a également convoqué 30 membres du Copinh. Les droits des populations indigènes (notamment celui de disposer de leurs propres médias) sont garantis par la Convention 169 de l'Organisation internationale du travail, dont le Honduras est signataire. Pourtant, les radios communautaires qui dépendent du Copinh, une des organisations les plus représentatives des populations autochtones au niveau national, vivent un harcèlement constant. Pour exemple, l'antenne de la radio Puca de Opalaca, qui diffuse dans la même région, a été endommagée à la suite d’une attaque le 30 mai 2014. “Reporters sans frontières demande à ce que toutes les charges retenues contre Albertina Manueles Pérez soient abandonnées, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de l’organisation. Radio Progreso et les radios communautaires font régulièrement l’objet d’attaques et de poursuites judiciaires visant le contenu de leurs émissions, considéré comme subversif par les autorités. Reporters sans frontières joint sa voix à celle de la Commission interaméricaine des droits de l’homme qui a émis des recommandations pour la protection de l’ensemble de l’équipe et des collaborateurs de Radio Progreso, auprès de l’État du Honduras.” L’État hondurien a déjà ignoré les demandes de protection sollicitées par la CIDH pour les employés de la station en 2009, 2010 et 2011. Le 11 avril 2014, Carlos Mejía Orellana, un collaborateur de Radio Progreso, a été tué à son domicile après avoir reçu plusieurs menaces de mort. Le 18 février 2013, Isaac Leonardo Guevara Amaya, correspondant de Radio Progreso à Tela (Nord) a été la cible de menaces policières. Les journalistes honduriens qui, comme lui, couvrent des sujets sensibles comme les conflits agraires, l’effet de l’extraction minière sur l’environnement ou l’épuration policière sont censurés par la violence. Le Honduras est 129e sur 180 pays au Classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Slideshow: Radio Progreso
Publié le
Updated on 20.01.2016