La directrice du site d'informations Prachatai risque 50 ans de prison

Le 31 mars 2010, Chiranuch Premchaipoen, directrice du site d’informations Prachatai.com, a été arrêtée. Elle a été libérée au bout de trois heures après que sa sœur se soit portée garante du paiement de la caution de 300000 bahts (environ 6000 euros). La journaliste est accusée de n'avoir pas retiré assez rapidement du site une dizaine de commentaires considérés comme offensants pour la monarchie. Elle risque jusqu’à 50 ans de prison en vertu du Computer Crimes Act (loi sur la cybercriminalité). "Nous demandons l'abandon immédiat des poursuites contre la journaliste. Une fois de plus, la loi sur le lèse-majesté et la loi sur la cybercriminalité servent à contrôler et à intimider les voix indépendantes. Alors que la situation politique est tendue, les Thaïlandais ont plus que jamais besoin de recevoir une information de qualité, comme celle fournie par Prachatai. L’inculpation de Chiranuch Premchaipoen constitue une grave atteinte à la liberté d’expression. Elle va à l’encontre des promesses faites par les autorités en janvier 2010 de lutter contre les abus du crime de lèse-majesté", a déclaré Reporters sans frontières. La première audition devant un tribunal de Bangkok se tiendra le 31 mai 2010. La journaliste est poursuivie pour des faits datant de 2008 par le tribunal correctionnel en vertu des articles 14 et 15 du Computer Crimes Act. Elle avait pourtant rapidement retiré les messages incriminés après en avoir été notifié. Par ailleurs, Reporters sans frontières demande des explications au gouvernement au sujet de l'arrestation, le 1er avril 2010, de Tantawut Taweewarodomkul. Webmaster d'un site partisan des chemises rouges qui sont les opposants au régime en place, il est accusé de crime de lèse-majesté et poursuivi en vertu du "Computer Criminal Act" (www.norporchorusa.com et http://www.norporchorusa2.com/). Une dizaine de blogueurs sont actuellement sous le coup d’accusations de lèse-majesté. L’un d’eux, Suvicha Thakor, purge actuellement une peine de dix ans de prison pour avoir posté des contenus jugés offensants envers le roi. La Thailande fait partie des "Pays sous surveillance" listés par Reporters sans frontières dans son rapport sur les Ennemis d’Internet publié le 11 mars 2010. L’organisation y expliquait en conclusion que « si des améliorations ne se produisent pas rapidement, la Thaïlande risque fort de basculer de la catégorie “pays sous surveillance” vers celle “ennemi d’Internet”. » L’inculpation de Chiranuch Premchaipoen ne va pas dans la bonne direction.
Publié le
Updated on 20.01.2016