La chaîne Al-Jazeera interdite

Reporters sans frontières condamne la décision du ministre sortant de l'Information, Anas el-Fekki, d’interdire la chaîne satellitaire qatarie Al-Jazeera, qui a largement couvert, en continu, les manifestations anti-gouvernementales depuis le 25 janvier 2011. “En interdisant Al-Jazeera, les autorités veulent limiter la diffusion des images relatives à la vague de protestations qui secoue le pays depuis six jours. Cette décision est purement archaïque, a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières. Elle est en totale contradiction avec le discours du président Hosni Moubarak qui a promis, le 28 janvier, des ‘mesures’ en faveur de la démocratie. Elle est également aux antipodes des aspirations de la population égyptienne qui demande plus de liberté”. L’agence officielle MENA a annoncé, le 30 janvier 2011, qu'Anas el-Fekki, avait décidé que “le service d'information de l'Etat devait fermer et annuler les activités de la chaîne Al-Jazeera dans la République arabe d'Egypte, annuler toutes ses autorisations et retirer toutes les cartes (de presse) de ses employés à compter d'aujourd'hui". Anas el-Fekki, ministre de l’Information dans le gouvernement sortant, assure l’intérim en attendant la constitution d’un nouveau gouvernement. Dimanche 30 janvier, sixième jour des manifestations, des dizaines de milliers de manifestants continuent de descendre dans les rues pour demander le départ du président Hosni Moubarak, bravant le couvre-feu instauré le 28 janvier dernier par les autorités égyptiennes. Le remaniement gouvernemental du 29 janvier n’aura pas suffi. Reporters sans frontières rappelle que, le 27 janvier 2011 vers 22h30, les autorités égyptiennes ont coupé le réseau Internet, ainsi que le réseau de télécommunication mobile afin de non seulement briser l’organisation de la protestation en Egypte, mais également la diffusion de cette information à l’étranger (http://fr.rsf.org/egypte-arrestation-de-journalistes-28-01-2011,39418.html). Les communications téléphoniques ont été partiellement rétablies le 29 janvier dans la journée. Il semble être toujours impossible de se connecter à Internet. Les relations ont toujours été difficiles entre la chaîne qatarie et de nombreux régimes arabes, qui l’accusent de partialité. Ses bureaux ont été fermés en Irak en 2006. Plus récemment, fin 2010, les autorités marocaines (http://fr.rsf.org/maroc-fermeture-abusive-des-locaux-de-la-29-10-2010,38716.html), puis koweïtiennes (http://fr.rsf.org/koweit-fermeture-des-bureaux-d-al-jazeera-14-12-2010,39023.html) ont fait de même. La semaine dernière, les bureaux de la chaîne ont été attaqués à Ramallah et à Naplouse, suite à la diffusion, par Al-Jazeera, de documents confidentiels sur les négociations de paix israélo-palestiniennes. Ces derniers révélaient des concessions importantes faites par l’Autorité palestinienne sur plusieurs dossiers cruciaux, tels que le statut de Jérusalem et le droit de retour des réfugiés palestiniens. Les négociateurs palestiniens ont réagi en regrettant que les informations diffusées par Al-Jazeera ne reflètent pas la vérité (http://fr.rsf.org/territoires-palestiniens-saccage-du-studio-utilise-par-al-27-01-2011,39404.html).
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Updated on 20.01.2016