J.S. Tissainayagam condamné à vingt ans de prison : "Un verdict qui déshonore la justice"

Reporters sans frontières est révoltée par le verdict annoncé le 31 août 2009 par la Haute Cour du Sri Lanka, condamnant à vingt ans de prison J.S. Tissainayagam. Le journaliste a été reconnu coupable d'avoir "soutenu le terrorisme" et "incité à la haine raciale" par ses écrits. "Certains juges sri lankais confondent vengeance et justice en imposant cette peine extrêmement lourde à J.S. Tissainayagam. Sur la base de confessions arrachées par la force et d'informations erronées ou manipulées, la cour de justice abuse de la loi antiterroriste qui doit être réservée aux terroristes et non pas aux journalistes et défenseurs des droits de l'homme. Nous espérons vivement que le procès en appel se déroulera dans un climat plus serein et respectera l'esprit de la loi. Dans l'attente de l'appel, nous demandons aux autorités de garantir l'intégrité physique du journaliste, dont la santé s'est dégradée", a affirmé l'organisation. Global Media Forum et Reporters sans frontières ont décidé d'annoncer aujourd'hui que J. S. Tissainayagam est le premier lauréat du prix Peter Mackler, créé l'année dernière à la mémoire de l'ancien rédacteur en chef de l'Agence France-Presse à Washington. Le prix récompense et soutient les journalistes qui font preuve d'éthique et de courage dans les pays où la liberté de la presse n'est pas respectée. Le prix sera officiellement décerné le 2 octobre prochain, au cours d'une cérémonie présidée par Marcus Brauchli, directeur de l'information du quotidien Washington Post, au National Press Club de Washington. En octobre dernier, un représentant de Reporters sans frontières avait rencontré le président Mahinda Rajapakse à Colombo. Le chef de l'Etat s'était engagé à examiner le cas de J.S. Tissainayagam. J.S. Tissainayagam, 45 ans, journaliste de l'hebdomadaire sri lankais Sunday Times et éditeur d'un site internet, Outreachsl.com, consacré à la population tamoule, a été reconnu coupable d'"incitation à la haine raciale" et de "soutien au terrorisme". Sa famille et ses avocats ont confirmé qu'ils feraient appel de la décision. Le journaliste a également été reconnu coupable d'avoir reçu de l'argent des LTTE pour financer son site Internet. Reporters sans frontières avait pu déterminer que les fonds reçus par le journaliste venaient en réalité d'un projet de la coopération allemande. J.S. Tissainayagam est emprisonné depuis le 7 mars 2008 après son interpellation par des policiers de la Terrorism Investigation Division (TID). En raison des prolongations successives de sa détention par des magistrats, et des refus de remise en liberté sous caution, il a passé plus de cinq mois en détention sans aucune charge à son encontre, avant d’être soudainement transféré à la prison Magazine à Colombo, connue pour les violences infligées aux prisonniers tamouls. A l’époque, des sources avaient indiqué qu’il y avait été passé à tabac. A cette époque, J.S. Tissainayagam ne pouvait recevoir de visites de sa famille ou de son avocat que de manière sporadique. En outre, il était privé des médicaments que son état de santé nécessite. Le journaliste souffre notamment de la tuberculose et d’infections liées à la gale, qu’il a contractée en prison. De nombreux appels à sa libération ont été lancés par des gouvernements, notamment le président Barack Obama, et des groupes locaux et internationaux de défense des droits des journalistes. J.S. Tissainayagam est le premier journaliste sri lankais condamné en vertu de la loi antiterroriste. Et de fait, il est l’un des rares professionnels des médias dans le monde accusé de "terrorisme" pour ses écrits. Les charges retenues à l’encontre de J.S. Tissainayagam se résument à deux articles publiés en 2006 dans le magazine aujourd'hui disparu North-Eastern qu’il dirigeait. L’imprimeur de cette publication, Jasiharan, et son épouse sont également détenus dans cette affaire.
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Updated on 20.01.2016