Jason Rezaian : un an de détention arbitraire

A la veille du premier anniversaire de détention de Jason Rezaian, correspondant du Washington Post à Téhéran, Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités iraniennes de mettre fin à cette injustice en libérant immédiatement et sans condition le journaliste.

Le 22 juillet 2015, le journaliste Jason Rezaian "fêtera" un an de cauchemar dans les cellules d’isolement de la section 2A de la prison d'Evin ; un an de détention pour avoir simplement exercé son travail ; un an d’acharnement pour avoir le malheur de posséder une double nationalité - iranienne et américaine -, à l’heure des négociations sur la question du nucléaire entre les deux pays. Dès le lendemain de son arrestation, Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé l’illégalité de son interpellation, puis les nombreuses irrégularités lors de son procès. Depuis le début de sa détention, le journaliste est victime de mauvais traitements dans la prison d’Evin sous le contrôle des gardiens de la révolution, dans le but notamment d’obtenir des aveux forcés et de les utiliser contre lui lors de son procès à huis clos. “Maintenant qu’un accord a été trouvé, nous demandons aux dirigeants iraniens d’examiner les preuves que leurs sous-fifres prétendent détenir à l’encontre de Jason”, a déclaré son frère Ali s’adressant directement aux autorités iraniennes. Auparavant, ce dernier avait déjà affirmé à la radio publique américaine Voice of America (VOA) que “Me Leila Ahsan l’avocate de Jason Rezaian, NDLR insiste sur le fait qu’il n’y a aucune preuve dans le dossier pour inculper Jason d’’action contre la sécurité de l'Iran en collaboration avec une organisation ou un gouvernement étrange’”, aucune preuve non plus pour ‘publicité contre le régime’. Enfin Jason n’a eu aucune relation avec de hauts responsables ou des personnes qui avaient accès à des documents classés secrets d’Etat». Selon, l’AFP, le 13 juillet 2015, lors de la troisième audience de son procès qui s’est ouvert devant la 15e chambre du tribunal de la révolution de Téhéran, la mère de Jason a demandé pour sa part à la sortie du tribunal que son fils “soit libéré sous caution, Jason n'a rien fait de mal (...). La loi sur les libérations sous caution s'applique à tous sauf aux meurtriers. Jason n'est pas accusé de meurtre. Ce n'est ni meurtrier ni un espion. Il souffre en détention”. ”Nous rappelons que Jason Rezaian a été arrêté et emprisonné dans le but d’être utilisé dans la guerre acharnée que se livrent les factions au sommet du pouvoir, et d’instrumentalisé à des fins de négociations diplomatiques, déclare Reza Moini responsable du bureau Iran/Afghanistan de Reporters sans frontières. Après l'accord historique entre les puissances occidentales et l'Iran sur le programme nucléaire, le régime de Téhéran doit mettre fin à ces pratiques d'emprisonnement arbitraire qui équivalent à des prises d’otage et constituent des atteinte flagrantes au droit et aux standards internationaux. Nous demandons la libération immédiate de Jason Rezaian et de tous les journalistes emprisonnés en Iran”. Retour sur les faits Le 22 juillet 2014, Jason Rezaian et son épouse Yeganeh Salehi, également journaliste pour The National, un journal basé aux Emirats arabes unis, ainsi que deux autres ressortissants américains, ont été arrêtés par des agents en civil des gardiens de la révolution à leur domicile de Téhéran. Lors de la perquisition, leur appartement a été saccagé, et l’ensemble des équipements informatiques confisqué. Les deux ressortissants américains ont été libérés provisoirement un mois plus tard. Yeganeh Salehi a, elle, été libérée provisoirement le 4 octobre 2014 contre le versement d’une lourde caution dans l’attente de son jugement. Le 12 avril 2015, Farsnews, l’agence de presse proche des gardiens de la révolution, avait annoncé que “le journaliste était accusé d’espionnage et allait être jugé pour avoir "vendu des informations économiques et industrielles à la CIA.” Le Washington Post, par la voix de Martin Baron, son rédacteur en chef, répliquait le jour même en qualifiant les informations de l’agence iranienne d’”absurdes” et en dénonçant "un manque inacceptable d’accès à tout conseil juridique au cours des neuf derniers mois d’emprisonnement du journaliste”. Le 18 avril 2015, le quotidien extrémiste Vatan-é Emrooz, proche des gardiens de la révolution et de l’ancien président de la République Mahmoud Ahmadinejad, publiait un article délirant en Une. Sous le titre « dévoiler les secrets de Jason », le quotidien accusait le journaliste d’infiltration dans les institutions et le gouvernement afin de dévoiler le système établi par le pays pour contourner les sanctions internationales. Le 20 avril 2015, l’avocate du journaliste, Leila Ahsan, exposait à l’Agence France-Presse les charges retenues contre Rezaian et expliquait qu’elle n’avait pu s’entretenir avec lui pour la première fois que début mars. La famille du journaliste a de son côté demandé à l’administration Obama « de faire de la libération de Jason Rezaian une de ses priorités”. A ce jour, plus de 400 000 personnes ont signé la pétition relayée par RSF pour la libération du journaliste. Une dizaine de figures emblématiques du monde médiatique, notamment Noam Chomsky, Anderson Cooper, Christiane Amanpour, Marty Baron et John Hughes President du National Press Club, ont cosigné, avec Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, une lettre adressée au chef du pouvoir judiciaire, Sadegh Amoli Larijani, demandant la libération immédiate du correspondant du Washington Post. L’Iran est classé 173e sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2015 de Reporters sans frontières.
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Mise à jour le 20.01.2016