Incendies volontaires de locaux de médias, agressions et interpellations de journalistes. Regain de violences au Kurdistan irakien

Reporters sans frontières s’inquiète du regain de violences survenu dans la région autonome du Kurdistan irakien depuis le 2 décembre dernier. L'organisation condamne fermement l’incendie volontaire de locaux de médias et les nombreuses exactions dont les professionnels de l’information ont été la cible dans différentes villes de la région, et demande aux autorités d’ouvrir des enquêtes sur l’ensemble de ces incidents. L’attaque, après la prière du vendredi, le 2 décembre dernier, de salons de massage et de magasins vendant de alcool dans la ville de Dohuk (Nord-Est d’Erbil) a mis le feu aux poudres. Dans la nuit qui a suivi, les bâtiments de l’Union islamique du Kurdistan dans la ville ont été incendiés, tout comme ceux de médias affiliés à ce parti. Depuis, six locaux de médias ont été incendiés et plus de quinze professionnels de l’information ont été agressés ou interpellés. Ainsi, dans la nuit du 2 au 3 décembre, les locaux de la chaîne satellitaire Speda et ceux de la radio et de la chaîne de télévision locale de l’Union islamique du Kurdistan dans la ville de Zakho (province de Dohuk) ont été incendiés. Les bureaux de la section étudiante du parti dans cette ville ont également été incendiés. Au cours de cette même nuit, l’équipe de la chaîne Speda a été prise à partie par les forces de sécurité alors qu’elle couvrait l’attaque et l’incendie des locaux de l’Union islamique du Kurdistan à Dohuk. Abdullah Ahmed a été agressé et sa caméra détruite. Dans la ville de Smel, d’après le site de la chaîne satellitaire KNN, les journalistes de la chaîne ont été la cible d’attaques. Leur équipement a été confisqué. Le reporter de la chaîne NRT a été violemment agressé par six hommes armés dans cette même ville. D’après le responsable de l’Union islamique à Zakho, neuf journalistes travaillant pour des médias affiliés au parti, dont la radio Xabur, auraient été interpellés par les forces de sécurité, parmi eux Delbrin Youssef, Islam Saedi, Ossama Nerdin, Delbrin Haji, Samr Ubed, Maher Sagvan et Bilal Jumha. D’après le site d’information Kurdiu, les bureaux de Speda et de KNN à Erbil ont été la cible de tirs au cours de cette même nuit. Le 3 décembre, vers 10h30 , un journaliste de la chaîne Al-Jazeera, Ahmed Zawetay, a été attaqué par les forces de sécurité en civil et des Zeravani (militants du Parti démocratique du Kurdistan), alors qu’il filmait le bâtiment de l’Union islamique du Kurdistan à Dohuk en train de brûler. Sa caméra a été confisquée. Le journaliste a signalé que certains de ses confrères de la chaîne avaient également été visés. Le caméraman de la chaîne Speda à Dohuk, Murad Fouad, a été agressé et sa caméra cassée. Son confrère de Xabur TV a de son côté été interpellé. Le même jour, des professionnels de l’information ont été pris à partie à Erbil alors qu’ils couvraient les rassemblements de partisans de l’Union islamique du Kurdistan. Le reporter et le photographe du site du journal Xandan ont été interpellés par les forces de sécurité pendant trente minutes. Darbaz Saleh, journaliste, a déclaré au site Kurdiu : « J’étais en train de couvrir le rassemblement avec d’autres journalistes, lorsque la police m’a arrêté et a confisqué mon matériel (…). Mon ordinateur, ma caméra, mon enregistreur, et mes carnets de note sont dans les mains de la police. » Toujours le 3 décembre, à Suleimanieh, des journalistes des chaînes KNN, Speda et Somar News ont été agressés alors qu’ils couvraient une manifestation pacifique organisée en réaction à l’incendie des bureaux de l’Union islamique du Kurdistan. , Le 4 décembre, le cameraman de la chaîne Speda, Ossama Sindi, a été interpellé par les forces de sécurité dans la ville de Dohuk. Le même jour, dans la soirée, des médias ont été interdits de couvrir l’incendie d’un salon de massage à Suleimanieh. Diyar Faruq, journaliste pour le site d’information Kurdiu à Suleimanieh, a été interpellé. Par ailleurs, le 3 décembre dernier, un présentateur de la chaîne Naliya Radio and Television, Dildar Harki, a reçu des menaces de mort par téléphone. Ceci fait suite à la diffusion par la chaîne, le 1er décembre, d’une interview du vice-Président du Conseil de la province de Mossoul, Delbar Zebari, au cours de laquelle ce dernier a exprimé son opinion sur les luttes historiques entre les familles Barzani et Zebari. Les critiques avaient fusé, notamment dans les médias proches du Parti démocratique du Kurdistan. La chaîne avait pourtant publié un communiqué expliquant que les propos de Delbar Zebari n’engageaient que lui-même et qu’ils ne correspondaient en rien à la ligne éditoriale de la chaîne.
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Mise à jour le 20.01.2016