Huit journalistes menacés de mort dans le nord du pays

Huit journalistes ont été menacés de mort sur une liste noire signée du "Groupe anti-restitution des terres", apparue le 6 mai 2013 à Valledupar, dans le département de Cesar, au nord du pays (voir ci-dessous). Le texte – assorti de la photo d’une mitraillette – indique que ces professionnels des médias ont 24 heures pour quitter la ville, et leur conseille de cesser de couvrir les sujets liés aux restitutions de terres, sous peine d’être assassinés. Le tract constitue un avertissement à "tous les journalistes", considérés comme des "objectifs militaires". Les huit journalistes ciblés sont Herlency Gutiérrez (RCN Radio), Jaime José Daza (Maravilla Stereo), Damaris Rojas (Al Día), Renier Asprilla (El Heraldo), Katia Ospino (UNO, CM&), Óscar Arzuaga (La Tribuna del Cesar de Radio Guatapuri), Ubaldo Anaya Flórez (TV RPT) et Martín Mendoza (Caracol Televisión, El Pilón). Tous travaillent sur le thème de la restitution aux paysans des terres confisquées par des groupes paramilitaires lors du conflit armé qui avait entraîné le déplacement forcé d’une large partie de la population. “Nous dénonçons ces menaces, provenant d’un groupe très probablement lié aux paramilitaires, et nous sommes extrêmement inquiets pour les journalistes visés. Ceux-ci doivent disposer d’une protection, même si deux d’entre eux bénéficiaient déjà d’un tel dispositif auparavant, et une enquête doit être diligentée au plus vite afin de faire la lumière sur l’origine exacte de ces menaces”, a déclaré Reporters sans frontières. “Il revient aux autorités de faire tout le nécessaire afin que cessent les intimidations de la part de groupes paramilitaires à l’encontre de journalistes, mais également de militants des droits de l’homme, de paysans, de syndicalistes et de défenseurs de l’environnement”, a ajouté l’organisation. Cette menace ne constitue pas un fait isolé. Le même groupe avait déjà adressé des menaces de mort deux semaines auparavant à des leaders du mouvement paysan en faveur de la restitution des terres, dans le même département. Plusieurs d’entre eux ont été assassinés, d’autres ont renoncé à réclamer leurs terres en raison de ce climat menaçant, dans plusieurs départements. Ces intimidations interviennent deux ans après la ratification par le gouvernement colombien de la Loi 1448 sur les victimes et la restitution des terres (10 juin 2011), ordonnant la restitution de deux millions d’hectares à 400.000 familles déplacées par les violences depuis 1991. Opposés à cette loi, des groupes armés cherchent depuis lors à bloquer le processus, soutenus par différents secteurs politiques et économiques de la société. Lire le tract signé du "Groupe anti-restitution des terres" :
Publié le
Updated on 20.01.2016

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