Huit journalistes en ligne et un assistant relâchés mais l’enquête judiciaire se poursuit

Reporters sans frontières est soulagée d’apprendre la libération, le 30 juin 2012, des huits journalistes et d’un assistant arrêtés la veille par la police de Colombo. Le juge de la Cour numéro 8 de la capitale, Kosala Senadheera, a estimé que le Département d’enquête criminelle (Criminal Investigation Department, CID) n’avait pas pu fournir la preuve concrète des accusations portées contre le personnel des deux sites d’information, SriLankaMirror et SriLankaXNews. Selon l’article du site d’information LankaeNews (LeN), le magistrat a estimé qu’une personne ne pouvait être arrêtée en “prévention” d’un crime qu’elle n’a pas encore commis. Selon un communiqué des autorités, le CID avait en effet arrêté les journalistes et perquisitionné les locaux de leur média pour avoir publié de “fausses informations” qu’ils auraient également transmises à LeN.Les autorités avaient jugé que ces renseignements auraient pu être utilisés pour des publications diffamatoires envers le Président et provoquer des troubles sociaux. Si les journalistes ont été libérés, l’enquête judiciaire suit son cours et l’équipement informatique des journalistes du SriLankaMirror, saisi lors de la perquisition, ne leur a toujours pas été rendu, les empêchant de reprendre normalement leur activité. Ces ordinateurs seront produits devant la cour à la prochaine audience qui se tiendra le 6 juillet 2012. Les journalistes libérés ont décidé de déposer chacun une plainte contre le CID et le ministère de la Défense, estimant que les arrestations et les détentions arbitraires qu’ils ont subies, constituaient une violation de leurs droits fondamentaux. Reporters sans frontières soutient leur démarche, nécessaire pour ne pas laisser de tels abus impunis. L’organisation demande également aux autorités compétentes de clore l’enquête en cours contre les deux sites, clairement visés pour leur activité d’information. “Quand bien même des publications jugées diffamatoires résulteraient des informations transmises par les journalistes du SriLankaMirror et SriLankaXNews, ces derniers ne sauraient être tenus pour responsables desdites publications. La liberté d’informer est un droit fondamental et un devoir pour tous les journalistes et il appartient à LankaeNews d’évaluer ou non la véracité des renseignements qu’il reçoit”, a déclaré Reporters sans frontières. LankaeNews est un site d’information trilingue indépendant et basé à l’étranger. Depuis plus d’un an, les représailles à l’encontre de ses reporters se sont accentuées. En janvier 2011, les locaux du média avaient été détruits par un incendie et les journalistes y travaillant avaient même été accusés d’en être les auteurs. Créé en 2005, le média, souffre de la répression des autorités depuis qu’il a pris position pour le général Sarath Fonseka, candidat à l’élection présidentielle de 2010, contre le président sortant puis réélu Mahinda Rajapaksa. Le Sri Lanka se classe à la 163e place sur 179 dans le classement 2011-2012 de la liberté de la presse. La situation pour les professionnels de médias ne cesse de se dégrader, malgré la fin officielle de la guerre civile en 2009. ---------- 29.06.12 - Huit journalistes et un assistant arrêtés lors d’une perquisition policière Reporters sans frontières condamne vivement la perquisition policière des locaux des sites d’information srilankamirror.com et srilankaxnews.com et l’arrestation de neuf de leurs journalistes, le 29 juin 2012, à Colombo. “Nous demandons la libération immédiate des journalistes et collaborateurs arrêtés. Les raisons précises de cette perquisition soudaine de deux sites d’information, qui sont déjà depuis quelques temps dans la ligne de mire des autorités, doivent être éclaircies au plus vite. Cependant, le passif du gouvernement en terme de violations de la liberté d’information nous incite à considérer cette perquisition comme une tentative de censure et d’intimidation des journalistes critiques à son égard,” a déclaré l’organisation. Le 29 juin, vers 11h45 du matin, un groupe d’environ 25 officiers de police se sont introduits, munis d’un mandat de perquisition, dans les bureaux du site d’information SriLankaMirror et du site web du parti d’opposition United National Party (UNP), SriLankaXNews. Les deux rédactions sont situées dans le même bâtiment, au 71, Thotupola road, Athulkotte, dans la banlieue de Colombo. Le policiers, qui faisaient partie d’une équipe mixte relevant à la fois de la Colombo Crime Division (CCD) et du Crime Investigation Department (CID), agissaient sur la base d’un mandat émis par le juge de la Cour numéro 4 de Colombo, Prasanna Alwis. Neuf membres des équipes des deux sites web ont été retenus dans leurs bureaux puis amenés dans les locaux du CID à Colombo pour interrogation. Il s’agit de six journalistes et d’un assistant du SriLankaMirror: 1. Kleum Shivantha Rodrigo - Rédacteur-en-chef
2. Ajith Senevirathne - Photographe
3. Tharindu Rajapaksa - Chroniqueur
4. Himashi Karunarathne - Journaliste sportif
5. Shiranthini Manawadu - Journaliste
6. Asanka Nivantha - Directeur du marketing
7. R.M.Preamawathi - Assistant
Et de deux journalistes du SriLankaXNews: 8. Siddik Kariyappar - Rédacteur en langue tamoul
9. Subhash Jayawardane - Chroniqueur Les ordinateurs des deux rédactions ont été confisqués et les bureaux ont été scellés par la police. Le même jour, des policiers ont perquisitionné également le domicile de Ruwan Ferdinandez, rédacteur en chef du SriLankaXNews et ancien collaborateur du SriLankaMirror. Ces événements suivent le blocage, le 28 juin, de cinq sites d’information en langue tamoul: TamilWin, Athirvu, Sarithan, Ponguthamil et Pathivu. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement s’en prend au site SriLankaMirror. En novembre 2011, quatre sites d’information indépendants, critiques envers le gouvernement, SriLankaMirror, SriLankaGuardian, Paparacigossip9, et LankaWayNews, avaient été bloqués sur ordre du ministère de l’Information, de manière totalement arbitraire, pour “insultes envers des leaders politiques”. SriLankaMirror a été rendu à nouveau accessible après avoir saisi la cour suprême. Les sites Lankaenews et Lankanewsweb ont aussi fait les frais de la répression des autorités, notamment lorsqu’ils ont révélé des affaires de corruption. Le Sri Lanka figure parmi les pays “sous surveillance” dans le dernier rapport de Reporters sans frontières sur “Les Ennemis d’Internet”.
Publié le
Updated on 20.01.2016