House News, nouvelle victime de la “terreur blanche” chinoise à Hong Kong

Le très populaire House News a fermé, le 26 juillet 2014, sans avertissement préalable. L’un de ses fondateurs explique sa décision en évoquant une “terreur blanche” qui paralyse le monde des médias depuis quelques mois à Hong Kong.

L’étau se resserre de plus en plus autour des médias hongkongais. Le fondateur du site d’information hongkongais House News a en effet annoncé, le 26 juillet 2014, sa fermeture. Tony Tsoi évoque publiquement une “terreur blanche” , faisant notamment référence à une vague de répression à Taiwan entre 1949 et 1987. Les autorités chinoises s’orientent effectivement vers une plus grande répression de la société civile hongkongaise alors que les revendications en faveur de davantage de démocratie prennent de l’ampleur à Hong Kong. House News, lancé le 28 juillet 2012, était rapidement devenu populaire, regroupant chaque jour plus de 300 000 internautes sur ses pages. Avec une ligne éditoriale faisant la promotion de la démocratie et s’opposant à la politique chinoise, House News peinait à trouver des annonceurs. Mais les difficultés financières ne sont pourtant pas à l’origine de la fermeture du site. Dans la déclaration figurant désormais à la place du contenu sur le site de House News, Tony Tsoi, également homme d’affaires et écrivain, révèle sa crainte d’être arrêté en Chine, sous un faux prétexte, lors de ses différents déplacements. “ Hong Kong a changé. Agir comme un citoyen normal, un média normal ou faire quelque chose de positif pour la société est devenu difficile, voire terrifiant (...). Les problèmes politiques actuels rendent les gens très soucieux - de nombreux démocrates sont suivis et traînés dans la boue. Les vieilles affaires sont déterrées. Un sentiment de terreur blanche se diffuse dans la société. Je ressens la même pression”, affirme-t-il. « Nous demandons aux autorités hongkongaises d’ouvrir une enquête afin d’identifier les éventuels auteurs des menaces ou des pressions subies par Tony Tsoi. Toute absence de réaction rendrait les autorités complices du climat de peur qui se propage dans l’archipel et de l’autocensure qui en résulte », déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie Pacifique de Reporters sans frontières. Au cours des derniers mois, la mainmise des autorités chinoises sur la société civile hongkongaise est devenue de plus en plus pressante. Le Bureau d’information du conseil d’Etat a publié, en juin dernier, un livre blanc rappelant aux Hongkongais que “l’amour de la patrie” demeurait le principal critère de sélection pour les postes administratifs. Quelques jours plus tard, le site Popvote hébergeant un référendum populaire, où les internautes pouvaient choisir, entre trois options, le mode de vote de l’élection du chef exécutif, a subi de vastes cyberattaques, le rendant partiellement indisponible. Apple Daily, qui soutenait cette initiative populaire, est également devenu inaccessible les 18 et 20 juin suite à une succession d’attaques du même type. 800 000 participants, sur une population d’environ 6 millions, ont pris part à ce référendum populaire, pourtant décrit par les médias officiels comme “illégal”. La marche annuelle, organisée le 1er juillet, depuis la rétrocession en 1997, pour revendiquer une “véritable démocratie” a rassemblé environ 500 000 personnes. Lors d’une récente visite à Hong Kong, Reporters sans frontières a constaté le climat pesant dans lequel les médias évoluent. De plus en plus d’acteurs de l’information se soumettent à l’autocensure ou à la pression de certaines rédactions. Hong Kong figure à la 61e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016