Hong Kong: l'ancien chef de l’exécutif doit cesser d’attaquer l'Apple Daily

Reporters sans frontières (RSF) dénonce les pressions de l’ancien chef de l’exécutif hongkongais CY Leung contre le quotidien Apple Daily et ses annonceurs.

Le mois dernier, sur sa page Facebook qui compte plus de 73 000 abonnés, Leung Chun-ying (plus connu par ses initiales CY Leung), vice-président de la Conférence consultative politique du peuple chinois et ancien chef de l’exécutif hongkongais, a entrepris de dresser la liste des entreprises achetant des espaces publicitaires dans le quotidien Apple Daily, appelant implicitement à boycotter les annonceurs de ce titre qui ne mâche pas ses mots concernant le régime de Pékin et ses partisans à Hong Kong.

« S’en prendre à un quotidien et à ses annonceurs est indigne d’un ancien chef de l’exécutif, estime Cédric Alviani, directeur du bureau Asie de l’Est de Reporters sans frontières (RSF), qui rappelle que Leung devrait au contraire « s’employer à défendre la liberté de la presse, qui figure en toutes lettres dans la Loi Fondamentale qui régit la région administrative spéciale chinoise. »

Cette tentative de pression contre l’Apple Daily a valu à l’ancien haut-dirigeant hongkongais de se retrouver caricaturé en futur “grand leader” de la Chine communiste, le 8 avril dernier, dans une pleine page de publicité en une du quotidien, suite à une campagne-éclair de crowdfunding menée par un groupe d’activistes pro démocratie.

Ce n’est pas la première fois que Leung Chun-ying, chef de l’exécutif entre 2012 et 2017, s’en prend aux journalistes. En 2018, il avait intenté un procès en diffamation contre un éditorialiste de Stand News, Chung Kim-wah, lui reprochant d’avoir fait des allégations infondées sur ses liens supposés avec les triades. En 2013, suite à la publication d’un article sur le même thème, il avait aussi fait pression sur le Hong Kong Economic Journal et obtenu la publication d’une lettre d’excuse.

En août 2018, Leung Chun-ying s’était aussi fait le relais de Pékin en attaquant le Club des correspondants étrangers de Hong Kong (FCCHK) alors qu’il préparait une événement déplaisant au régime chinois. Ces attaques interviennent alors que l’exécutif prépare un projet de révision de la loi d'extradition qui, s’il était adopté, pourrait permettre à Pékin de se faire remettre en toute légalité des résidents hongkongais, ce qui représenterait une menace permanente pour les journalistes et les défenseurs de l’information libre.

La liberté de la presse est en chute libre dans l'ancienne colonie britannique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997. Classée 18e lors de la création du Classement mondial de la liberté de la presse de RSF en 2002, Hong Kong se retrouvait en 2018 au 70e rang sur 180 pays et territoires évalués.

Publié le
Mise à jour le 16.04.2019