Haleh Sahabi tuée par des agents des services de renseignements lors des funérailles de son père

Reporters sans frontières a appris avec émotion la mort, le 1er juin 2011, d’Haleh Sahabi, collaboratrice du magazine Chashm Andaz, lors des funérailles de son père, Ezatollah Sahabi, figure emblématique de l’opposition et ancien directeur du mensuel Iran-é-Farda. Les forces de l’ordre ont tenté d’empêcher la cérémonie en attaquant les proches et la famille du défunt qui ont cherché à se défendre. Violemment frappée au ventre, Haleh Sahabi est morte à l’hôpital. "Nous adressons nos plus sincères condoléances à la famille Sahabi pour cette double tragédie. L’Iran a perdu un grand défenseur de la liberté d’expression ; le régime a tué sa fille, défenseur actif des familles des prisonniers politiques. Nous n’oublierons pas ce crime. Les deux prédateurs de la liberté de la presse (http://fr.rsf.org/predator-ali-khamenei,37170.html ) qui dirigent la République islamique sont responsables de la mort de cette femme courageuse. Nous exigeons toute la lumière sur les circonstances de ce meurtre. Ses responsables doivent être poursuivis et condamnés, a déclaré Reporters sans frontières. La violence répressive du régime à l’égard des opposants est effrayante. Non contents de leur interdire toute activité, ils cherchent à les effacer de la société et de la mémoire collective." Haleh Sahabi, 56 ans, collaboratrice du mensuel Chashm Andaz ("Panorama"), était une militante. Dès son enfance, elle a connu la souffrance des familles de prisonniers, son père et ses proches ayant été jetés en prison par les deux régimes successifs. Ses activités de soutien et sa solidarité envers les familles des prisonniers politiques exécutés dans les années 80 a fait d’elle un porte-parole des victimes de l’oppression politique, ce que le régime ne pouvait tolérer. Plusieurs fois convoquée et arrêtée, elle avait été condamnée à deux ans de prison en 2010, puis libérée provisoirement après de graves problèmes de santé et l’hospitalisation de son père. Ezatollah Sahabi, 81 ans, fondateur du magazine Iran-é-Farda, l’un des premiers journaux  indépendants dont la publication a couru de 1992 à sa suspension en mai 2000, était une référence pour le camp réformateur et avait acquis une grande popularité auprès des étudiants. Ezatollah Sahabi avait été placé en détention le 26 juin 2000 par la troisième chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, suite à sa participation en avril 2000 à une conférence jugée "anti-islamique" à Berlin, en Allemagne. Il avait de nouveau été jeté en prison le 17 décembre 2000 et condamné, le 13 janvier 2001, à quatre ans et demi de prison. Il était accusé de "propagande contre le régime" en raison notamment d’un discours tenu, le 26 novembre 2000, à l’université technique Amir-Kabir de Téhéran. En décembre 2001, sa peine avait été ramenée à six mois. Lors d’une visite en prison en février 2001, sa famille s’était déclarée "choquée" par l’état physique et psychologique du journaliste, qui n’avait pas reconnu ses proches. Ezatollah Sahabi avait été hospitalisé à deux reprises durant sa détention suite à des crises cardiaques. Il a été libéré le 2 mars 2002. Le décès d’Ezatollah Sahabi et de sa fille Haleh laisse un grand vide dans le mouvement démocratique actuel et dans le camp des défenseurs de la liberté d’expression en Iran.
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Mise à jour le 20.01.2016