Garde à vue arbitraire du journaliste Al-Akhbar par les services du ministère de la Défense

Journaliste au quotidien Al-Akhbar, Hassan Allek a été placé en garde à vue sur ordre du ministre de la Défense, dans les locaux du ministère, le 11 août 2010. Convoqué en milieu de matinée, le journaliste a été interrogé par les services de renseignements pendant plusieurs heures, avant d’être libéré en fin de journée. Cet incident fait suite à la publication d'un article sur une éventuelle coopération entre certains responsables politiques et militaires libanais et les services de renseignements israéliens. Les personnes chargées de son interrogatoire ont exigé du journaliste qu’il révèle ses sources. En vain. L’avocat du journaliste n’a pas pu y assister. La détention et l’interrogation de Hassan Allek par les services du ministère de la Défense hier constituent des violations flagrantes du droit de la presse. Elles ont été menées de manière arbitraire et discrétionnaire, en dehors de tout cadre juridique légal. Par ailleurs, les menaces proférées par le ministre de la Défense à l'encontre du journaliste et l’ensemble des professionnels de l'information, nous amènent à nous interroger sur la volonté réelle de respecter l’Etat de droit par les responsables qui sont censés l’incarner. Ceci est inquiétant pour la situation de la liberté de la presse dans le pays. Alors que le journaliste était toujours interrogé, le ministre de la Défense en personne, Elias Murr, a annoncé, lors d’une conférence de presse organisée en début d'après-midi, la prochaine audition du journaliste par la justice pour “diffamation“ et “divulgation de fausses informations“. Le ministre a par ailleurs mis en garde l’ensemble des professionnels des médias libanais : tout journaliste qui émettrait des accusations similaires à l'encontre de hauts gradés de l'armée encore en activité se verrait sanctionner de la même manière. Or, les mesures prises contre Hassan Allek sont illégales. En effet, le décret-loi de 1974 sur la liberté de la presse exige que tout journaliste soupçonné de “divulgation de fausses informations“ et de “diffamation“ soit entendu devant un juge, en présence de son avocat. À aucun moment, le journaliste n’a été présenté à un juge avant sa convocation. Les accusations du ministre ont été proférées alors qu'aucune procédure légale n'était ouverte à son encontre.
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Mise à jour le 20.01.2016