Face à la propagande haineuse, Reporters sans frontières solidaire de la BAJ

Reporters sans frontières dénonce fermement la campagne de discrédit actuellement menée contre l’Association Bélarusse des Journalistes (BAJ). Unique organisation professionnelle autonome face au pouvoir, l’association partenaire de Reporters sans frontières et membre de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) fonctionne comme un syndicat apportant protection et solidarité à ceux qui font oeuvre d’informer en toute indépendance. Son combat quotidien pour la liberté d’informer, récompensé en 2004 par le Prix Sakharov du Parlement européen, n’a jamais été aussi précieux que depuis un an, alors que s’abat sur la société civile une répression sans précédent. “Cette affaire ne doit pas être prise à la légère, et nous sommes très inquiets. Il y a quelques mois, une campagne de discrédit du même genre a ‘préparé’ l’opinion à l’offensive judiciaire contre l’organisation de défense des droits de l’homme Viasna. Son président et par ailleurs vice-président de la FIDH, Ales Bialiatski, a été condamné à quatre ans et demi de prison au terme d’une parodie de procès intenté sur des chefs d’accusation similaires. Avec la BAJ, c’est la colonne vertébrale du journalisme indépendant au Bélarus qui est à présent visée par cette propagande nauséabonde”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 5 février 2012, la première chaîne de télévision publique BT a diffusé un reportage d’“investigation” extrêmement accusateur à l’égard de la BAJ. L’organisation y est accusée de recevoir illégalement des fonds de l’étranger, de fraudes et de malversations. La cofondatrice et présidente de la BAJ, Janna Litvina, y est décrite comme une personnalité narcissique animée par “le dégoût, le mépris et la colère” et encline à “cacher la vérité”. Le reportage se fonde principalement sur la lettre anonyme d’un ancien membre de la BAJ, accusant la direction de n’être mue que par “l’appât du gain” et faisant référence à des “documents secrets de l’ambassade britannique” (des papiers filmés par la caméra, ne comportant ni signature ni tampon officiel). Des images de membres de la BAJ, tournées en caméra cachée, attestent de la filature dont ceux-ci sont l’objet. Contactée par Reporters sans frontières, Janna Litvina a déclaré que les lettres présentées étaient des faux. “Ce reportage, biaisé et univoque dans le style du KGB (...), a probablement pour but de m’humilier et de m’affaiblir, de créer de la confusion et d’affaiblir l’organisation”, a-t-elle réagi, avant de préciser que les avocats de la BAJ envisageaient de porter plainte contre la chaîne pour diffamation. “De nouvelles attaques sont possibles, le Bélarus est un pays imprévisible.” Fondée en 1995, la BAJ conduit des formations pour les journalistes, fournit une assistance juridique gratuite à ceux qui sont poursuivis en justice, et fait la promotion de l’éthique journalistique. L’association regroupe plus de 1000 membres et dispose de cinq branches régionales en plus de son bureau central à Minsk (capitale). Sa cofondatrice, Janna Litvina, a travaillé pour de nombreux médias critiques, dont la radio Belarusskaya Maladiojnaïa (fermée par les autorités en 1994), 102.2 (fermée en 1995), le service local de Radio Free Europe/ Radio Liberty, ou encore la station indépendante Radio Racyja. Journalistes indépendants et défenseurs des droits de l’homme font face à une pression accrue depuis la “réélection” contestée du dictateur Alexandre Loukachenko à la tête du pays, en décembre 2010. Avec plus d’une centaine de journalistes interpellés et 34 condamnés à des peines de prison, 2011 a été une année noire au Bélarus. Malgré la résistance des médias indépendants, ces exactions sont largement responsables de la chute du pays à la 168e place sur 179 dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on 20.01.2016