Élections municipales au Bélarus : journalistes et blogueurs tenus à l’écart du dépouillement

Plusieurs journalistes et blogueurs ont été expulsés des bureaux de vote au cours des dernières élections municipales bélarusses. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une opération de censure qui n’a pas reculé devant la violence.

Alors que les observateurs dénoncent des fraudes électorales lors des élections municipales du 18 février dernier, plusieurs journalistes et blogueurs ont été expulsés des bureaux de vote lors du dépouillement à Minsk. Andreï Kozel, cameraman de la chaîne indépendante Belsat TV, a été violemment interpellé après avoir refusé d’interrompre son direct sur sa page Facebook au bureau de vote N°27. Remis en liberté après une nuit en prison, le journaliste sera prochainement jugé pour “refus d’obtempérer”. Il risque jusqu’à quinze jours de prison.


D’après la police, il aurait ignoré plusieurs appels à cesser le tournage et résisté lors de son évacuation, attrapant un agent “par son uniforme”. Andreï Kozel, dont le front présente un hématome, a déclaré que les policiers l’avaient passé à tabac et lui avaient cogné la tête contre une porte en verre jusqu’à la briser. Il s’est vu refuser toute assistance médicale pendant sa détention. Le tribunal où il a été déféré le lendemain a demandé à la police de réexaminer son dossier. Soulignant que la législation bélarusse n’interdisait pas de filmer dans les bureaux de vote, le journaliste a annoncé qu’il porterait plainte contre les agents qui l’ont arrêté.


Nous appelons les autorités bélarusses à lever immédiatement les accusations contre Andreï Kozel, a déclaré Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Une enquête impartiale doit être menée sur les violences inadmissibles dont le journaliste a fait l’objet et les autres atteintes à la liberté de l’information commises lors du scrutin”.


Le cas d’Andreï Kozel n’est pas unique. Un centre de presse, mis en place par l’organisation d’observation électorale Prava Vybaru pour rapporter les irrégularités en temps réel, a été fermé une demi-heure après le lancement d’un livestream. Les responsables de la société gérant les locaux se sont présentés en demandant aux observateurs de quitter le studio, expliquant agir sur ordre des autorités.


Après plus de trois heures d’interruption, ils ont tout de même réussi à reprendre leurs activités depuis un autre lieu. Ils ont notamment rapporté pas moins de trois autres expulsions d’observateurs qui filmaient le décompte des bulletins à Minsk, parmi lesquels le correspondant du journal Novy Chas, Artsiom Liava.


Le Bélarus est placé à la 153e position sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse, établi par RSF en 2017.
Publié le
Updated on 22.02.2018