Dix journalistes blessés par les forces de l'ordre lors du retour au pays de l'opposant Kizza Besigye

Le 12 mai 2011, une dizaine de journalistes, ougandais et étrangers, ont été violemment agressés par des soldats alors qu'ils couvraient le retour, à Kampala, de l'opposant au président Yoweri Museveni, le Dr Kizza Besigye. Celui-ci avait dû se rendre au Kenya voisin pour être soigné après avoir été blessé, fin avril, lors de la répression d'une manifestation dans la capitale ougandaise. Ces violences, commises le jour même de la cérémonie d'intronisation du président Yoweri Museveni, constituent le dernier incident d'une véritable campagne de musèlement de la presse depuis la réélection du chef de l'Etat, en février, et le début des manifestations dites "walk-to-work", en avril. "Nous condamnons toutes les violences commises à l'encontre de journalistes présents uniquement pour effectuer leur mission d'information du public. Le retour à Kampala du principal opposant au pouvoir est un événement politique important, sur lequel l'opinion ougandaise doit être informée. Les forces de l'ordre ne doivent pas confondre les acteurs d'un événement avec les journalistes, qui n'en sont que les témoins. Fin 2010 et début 2011, la campagne électorale avait déjà été délicate pour les journalistes. La situation est pire aujourd'hui, avec des manifestations qu'il est devenu dangereux de couvrir", a déclaré Reporters sans frontières. "Nous appelons les autorités à la raison. Le gouvernement du président Yoweri Museveni doit, sans délai, faire cesser les exactions contre la presse. Nous demandons également à la communauté internationale de hausser le ton et d'exiger de Kampala que la sécurité des journalistes soit garantie et la pluralité des opinions respectée", a ajouté l'organisation. Le 12 mai, un groupe de soldats circulant à bord d'un véhicule immatriculé H4DF 632 s'est rué sur les journalistes couvrant l'arrivée du Dr Kizza Besigye en les accusant de prendre des photos de militaires brutalisant des civils. Le matériel des reporters, comme celui de Stephen Otage, du quotidien Daily Monitor, a été confisqué. Des photos prises par des journalistes étrangers ont été immédiatement effacées par les forces de l'ordre. Selon le témoignage d'une des victimes recueilli par Reporters sans frontières, la plupart des journalistes agressés par la police ou l'armée ougandaises avaient pourtant exhibé leur carte de presse, mais cela ne les a pas empêchés d'être durement frappés. Dix journalistes ont été blessés. Il s'agit de : Mercy Nalugo (Daily Monitor), Barbra Among (Vision Group), Rogers Kibirige (Vision Group), Kigongo Ssebalamu (Vision Group), Robert Mutebi (Vision Group), Michael Kakumirizi (Red Pepper), Peacock Kaweesa (Red Pepper), Eddie Ssejjoba (Vision Group), Raymond Ayebare (The Razor), Simon Njala Kaggwa (Akaboozi Radio). Eddie Ssejjoba et Robert Mutebi ont été admis dans une clinique privée de Kampala. Saignant abondamment après avoir été frappé à la tête, Raymond Ayebare, du journal The Razor, a été évacué par ambulance. Ces incidents interviennent deux jours après la tenue d'une conférence de presse du président Yoweri Museveni au cours de laquelle le chef de l'Etat ougandais a stigmatisé certains organes de presse, les accusant de soutenir les manifestations contre l'augmentation des prix alimentaires et de l'essence qui agitent le pays depuis le 11 avril. Au cours du dernier mois, des journalistes dont Reporters sans frontières a décidé de taire l'identité ont été menacés de mort et contraints de se mettre à l'abri pour assurer leur sécurité. Le 2 mai, William Ntege, journaliste pour la chaîne Wavah Broadcasting Service (WBS) a été interpellé alors qu'il couvrait l'arrestation d'une députée de l'opposition. Le même jour, la police anti-émeutes a tiré une balle en caoutchouc sur la jambe de Christine Nabatanzi, de Radio Simba, alors qu'elle couvrait une manifestation du Parti démocrate (Democratic Party – DP, opposition).
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Mise à jour le 20.01.2016