Deux nouveaux journalistes victimes de piratage informatique

Après Daniel Santoro, du quotidien Clarín, deux autres journalistes ont révélé, le 22 mai 2006, avoir été victimes d'espionnage informatique. Ernesto Tenembaum, de Radio Mitre, et Luis Majul, d'América TV, ont évoqué une manœuvre des services de renseignements. Le gouvernement écarte cette hypothèse.

Reporters sans frontières est très troublée par la révélation de deux autres cas d'espionnage informatique de journalistes, après celui de Daniel Santoro, du quotidien Clarín. Le 22 mai 2006, Luis Majul, responsable de l'émission “La Cornisa” sur América TV, et Ernesto Tenembaum, chroniqueur de Radio Mitre, ont affirmé avoir été victimes de hackers. L'organisation espère que les déclarations du chef de cabinet de la présidence, Alberto Fernández, qui a condamné ces pratiques, seront suivies d'une enquête rapide au plus haut niveau. Ernesto Tenembaum a expliqué, lors de son émission, qu'une partie de ses emails, contenant des conversations “off” qu'il avait eues avec des fonctionnaires et des juges, avaient été envoyés à son insu, depuis sa propre adresse email, à certains journalistes et à des membres du gouvernement. Ernesto Tenembaum a appris la nouvelle par son collègue Marcelo Slotogwiadza, qui avait lui-même reçu dans sa boîte email des extraits d'entretiens du journaliste avec le ministre de l'Intérieur, Aníbal Fernández, un magistrat de la Cour suprême, Eugenio Zaffaroni, le maire de Quilmes (localité du sud-est de Buenos Aires), Jorge Villordo, l'ancien juge Pablo Lanusse, ainsi qu'avec l'autre journaliste espionné, Daniel Santoro. Luis Majul a, quant a lui, découvert, le 21 mai, qu'un message contenant les adresses électroniques d'importantes personnalités du milieu politique et de l'entreprise avait été envoyé depuis sa boîte à certains de ses contacts. Interrogé par Reporters sans frontières, le journaliste a souligné que des manipulations de ce genre se produisent “chaque fois qu'il y a tension entre la presse et le pouvoir”. Ernesto Tenembaum et Luis Majul porteront plainte pour violation de la correspondance privée auprès du juge Guillermo Montenegro, qui instruit déjà l'affaire Daniel Santoro. Les deux journalistes émettent l'hypothèse d'une manœuvre des services de renseignements. Une hypothèse qu'a écartée le chef de cabinet de la présidence, Alberto Fernández. ____________________________________________________________ 18.05.06 - La correspondance électronique d'un journaliste du quotidien Clarín dérobée
Reporters sans frontières dénonce l'espionnage et le vol dont a été victime Daniel Santoro, du quotidien Clarín, le 11 mai 2006. Toute sa correspondance électronique avec le juge Daniel Rafecas au sujet d'une affaire de narcotrafic a été subtilisée par des pirates informatiques. Les auteurs de ce délit n'ont pu être identifiés. “Daniel Santoro a raison de considérer le vol de sa correspondance électronique comme une violation de ses sources. Nous apportons, pour notre part, notre soutien à Daniel Santoro et à la rédaction de Clarín. Nous espérons que la justice établira rapidement comment et par qui le courrier électronique du journaliste a été livré à l'avocat de l'un des prévenus du dossier instruit par le juge Rafecas”, a déclaré Reporters sans frontières. Des inconnus ont réussi à piller la correspondance électronique privée qu'entretenait Daniel Santoro avec le juge fédéral Daniel Rafecas, qui instruit le dossier “Viñas Blancas”, concernant deux ressortissants serbes accusés d'avoir essayé de transporter 171 kg de cocaïne en Europe. Curieusement, l'ensemble de la correspondance dérobée a atterri sur le bureau de Juan Manuel Ubeira, l'avocat de l'un des deux Serbes. L'email le plus ancien date du 1er mars, c'est-à-dire quatre jours avant que le journal Clarín publie le premier article de Daniel Santoro concernant le mariage luxueux de l'un des deux suspects serbes dans un hôtel. “Je suis très surpris que l'information qui m'a été volée soit parvenue à l'avocat de l'un des deux suspects. Ce qui me préoccupe le plus, c'est qu'on m'ait espionné ainsi pendant quasiment deux mois”, a déclaré Daniel Santoro à Reporters sans frontières. Selon Daniel Santoro, le pillage de ces documents avait pour but de salir le juge et de compromettre l'enquête en cours. Le journaliste assure que le système informatique de Clarín est complexe et que d'énormes moyens financiers et technologiques ont du être employés pour réussir l'opération. Le procureur Carlos Stornelli a demandé au juge Guillermo Montenegro d'ouvrir une enquête pour violation et vol de correspondance privée. Ces délits ne concernent que le courrier postal mais le cas de Daniel Santoro pourrait faire jurisprudence en matière de courrier électronique. Le journaliste a assimilé le vol dont il a été victime à une violation du secret des sources, reconnue dans le cadre de la réforme constitutionnelle de 1994. A ce titre, le quotidien Clarín s'est associé à sa plainte.
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Mise à jour le 20.01.2016