Deux nouveaux journalistes victimes de piratage informatique
Après Daniel Santoro, du quotidien Clarín, deux autres journalistes ont révélé, le 22 mai 2006, avoir été victimes d'espionnage informatique. Ernesto Tenembaum, de Radio Mitre, et Luis Majul, d'América TV, ont évoqué une manœuvre des services de renseignements. Le gouvernement écarte cette hypothèse.
Reporters sans frontières dénonce l'espionnage et le vol dont a été victime Daniel Santoro, du quotidien Clarín, le 11 mai 2006. Toute sa correspondance électronique avec le juge Daniel Rafecas au sujet d'une affaire de narcotrafic a été subtilisée par des pirates informatiques. Les auteurs de ce délit n'ont pu être identifiés. “Daniel Santoro a raison de considérer le vol de sa correspondance électronique comme une violation de ses sources. Nous apportons, pour notre part, notre soutien à Daniel Santoro et à la rédaction de Clarín. Nous espérons que la justice établira rapidement comment et par qui le courrier électronique du journaliste a été livré à l'avocat de l'un des prévenus du dossier instruit par le juge Rafecas”, a déclaré Reporters sans frontières. Des inconnus ont réussi à piller la correspondance électronique privée qu'entretenait Daniel Santoro avec le juge fédéral Daniel Rafecas, qui instruit le dossier “Viñas Blancas”, concernant deux ressortissants serbes accusés d'avoir essayé de transporter 171 kg de cocaïne en Europe. Curieusement, l'ensemble de la correspondance dérobée a atterri sur le bureau de Juan Manuel Ubeira, l'avocat de l'un des deux Serbes. L'email le plus ancien date du 1er mars, c'est-à-dire quatre jours avant que le journal Clarín publie le premier article de Daniel Santoro concernant le mariage luxueux de l'un des deux suspects serbes dans un hôtel. “Je suis très surpris que l'information qui m'a été volée soit parvenue à l'avocat de l'un des deux suspects. Ce qui me préoccupe le plus, c'est qu'on m'ait espionné ainsi pendant quasiment deux mois”, a déclaré Daniel Santoro à Reporters sans frontières. Selon Daniel Santoro, le pillage de ces documents avait pour but de salir le juge et de compromettre l'enquête en cours. Le journaliste assure que le système informatique de Clarín est complexe et que d'énormes moyens financiers et technologiques ont du être employés pour réussir l'opération. Le procureur Carlos Stornelli a demandé au juge Guillermo Montenegro d'ouvrir une enquête pour violation et vol de correspondance privée. Ces délits ne concernent que le courrier postal mais le cas de Daniel Santoro pourrait faire jurisprudence en matière de courrier électronique. Le journaliste a assimilé le vol dont il a été victime à une violation du secret des sources, reconnue dans le cadre de la réforme constitutionnelle de 1994. A ce titre, le quotidien Clarín s'est associé à sa plainte.