Deux journalistes suédois arrêtés dans l'Ogaden, un journaliste en ligne somalien condamné à un an de prison serait menacé d'extradition

Reporters sans frontières dénonce la complicité apparente entre les autorités éthiopiennes et celles de la région semi-autonome du Puntland, en Somalie, pour enfermer les journalistes et museler la presse. Deux journalistes suédois en provenance de Somalie viennent d'être arrêtés dans la région de l'Ogaden en Ethiopie (zone de conflit à l'est du pays, le long de la frontière avec la Somalie). Un journaliste en ligne somalien, originaire de l'Ogaden, a pour sa part été condamné à un an de prison, le 2 juillet 2011, par les autorités du Puntland, en Somalie, et serait désormais menacé d'extradition vers l'Ethiopie. "Les autorités d'Addis-Abeba doivent rapidement éclaircir les conditions d'arrestation de deux journalistes suédois, Martin Schibbye et Johan Persson, et donner de leurs nouvelles. Nous rappelons qu'un journaliste ne peut pas être assimilé à un rebelle simplement parce qu'il couvre les activités de ce dernier. Nous appelons le gouvernement éthiopien à garantir l'accès des journalistes et des défenseurs des droits humains en Ogaden. Le black-out médiatique imposé sur la réalité de cette région est scandaleux, il pousse les journalistes à s'y rendre illégalement et ne fait qu'accroître les soupçons d'exactions", a déclaré Reporters sans frontières. "Par ailleurs, nous condamnons la décision de justice prononcée contre Faysal Mohamed Hassan et sommes inquiets d'apprendre que les autorités du Puntland envisageraient d'extrader ce journaliste somalien, qui exerce son activité en Somalie, uniquement à cause de son origine ethnique. Celles-ci chercheraient ainsi à se débarrasser du reporter et à l'envoyer dans une zone où il sera vraisemblablement persécuté", a ajouté Reporters sans frontières. Le reporter Martin Schibbye et le photojournaliste Johan Persson ont été arrêtés alors qu'ils étaient entrés illégalement en Ogaden afin d'enquêter sur les atteintes aux droits de l'homme perpétrées dans la région. Avant leur arrestation, les journalistes de l'agence Kontinent ont été blessés lors d'un affrontement entre les autorités éthiopiennes et le Front national de libération de l'Ogaden (Ogaden National Liberation Front - ONLF), qui a coûté la vie à quinze militants de l'ONLF. Les journalistes sont actuellement détenus à Jijiga. Selon l'ONLF, les autorités du Puntland auraient repéré les journalistes à l'aéroport de Galkayo et suivi leur déplacement jusqu'à la frontière éthiopienne afin de faciliter leur arrestation. Pour Anna Roxvall, journaliste suédoise proche des deux hommes, ces derniers étaient entrés dans la région afin d'enquêter sur les exactions menées par les forces armées éthiopiennes sur la population. "Ils se trouvent dans une zone fermée aux journalistes mais sont entrés à partir de la Somalie, a déclaré la journaliste. Il sont dans une région extrêmement dangereuse." Arrêté le 29 juin 2011 par les autorités du Puntland, Faysal Mohamed Hassan, correspondant du journal en ligne Hiiran Online (HOL), a été condamné à un an de prison, le 2 juillet. Le journaliste a été accusé d'avoir "menacé la sécurité du Puntland et d'avoir publié des informations erronées", violant ainsi les articles 219 et 215 du code pénal somalien. Le journaliste avait écrit des articles sur l'assassinat de deux membres supposés des forces de sécurité du Puntland, à Bossasso. Selon l'avocat de la défense, le procureur de la région de Bari, Bashir Mohamed Osman, et le juge Sheik Aden Aw Ahmed, auraient baclé le dossier, sans apporter de preuves valables de la culpabilité du journaliste. Ce dernier est actuellement détenu à la prison centrale de Bossasso. Visiblement dans le collimateur des autorités, Faysal Mohamed Hassan serait désormais menacé d'extradition vers l'Ethiopie en raison de son appartenance à une ethnie de l'Ogaden. Voir aussi : Kontinent agency Hiiran Online
Publié le
Updated on 20.01.2016