Deux journalistes, ressortissants de la CARICOM, expulsés sans raison précise vers leur pays d'origine

Reporters sans frontières est très suprise par les mesures d'expulsion prises par le gouvernement d'Antigua et Barbuda contre l'ancien rédacteur en chef du quotidien Antigua Sun, Vernon Khelawan, et son collègue de la station privée Observer Radio, Lennox Linton, les 12 et 13 juin 2007. L'organisation a du mal à croire à une simple décision administrative, les deux hommes étant ressortissants de pays de la Communauté du bassin des Caraïbes (CARICOM), dont les accords prévoient la libre circulation des citoyens entre les quinze États membres. “L'expulsion de Vernon Khelawan et de Lennox Linton a suscité, à juste titre, une vive émotion parmi les journalistes de la Caraïbe anglophone, et particulièrement au sein de l'Association des médias caribéens (ACM) qui les représente. Le gouvernement d'Antigua et Barbuda se doit de fournir des explications sur cette mesure, en principe contraire aux accords régissant les États de la CARICOM. Nous espérons qu'elle n'est pas liée à l'activité professionnelle des intéressés. Il serait utile que les États de la Dominique et de Trinidad et Tobago réagissent”, a déclaré l'organisation. Vernon Khelawan, de nationalité trinidadienne, et Lennox Linton, citoyen de l'île de la Dominique, ont été expulsés d'Antigua et Barbuda à vingt-quatre heures d'intervalle, le premier le 12 juin, alors qu'il arrivait de Trinidad et Tobago et venait de passer la douane d'Antigua sans problème, et le second le lendemain. Au moment de son expulsion, Vernon Khelawan, aujourd'hui journaliste indépendant, a confié qu'il travaillait sur des programmes de coopération entre l'ACM et l'Unesco. Le renouvellement de son permis de travail, arrivé à expiration en décembre 2006, lui avait déjà été refusé sans raison précise. Le journaliste a dénoncé une “décision politique” à son encontre. Les États de la CARICOM sont liés par des accords d'intégration régionale, en particulier le traité de Chaguaramas de 1973 (révisé en 1997), qui institue un marché commun et facilite la possibilité pour un ressortissant d'un État de travailler dans un autre. C'est à l'appui de cet argument que l'ACM et le Congrès des médias d'Antigua et Barbuda (ABMC) ont vigoureusement réagi à l'expulsion des deux journalistes, en soulignant le fort investissement de ces derniers dans les organismes professionnels de la région, selon le quotidien privé du Guyana, Stabroek News. Les États de la Dominique et de Trinidad et Tobago, signataires des traités de la CARICOM au même titre qu'Antigua et Barbuda, n'ont fait aucun commentaire sur cette affaire.
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Updated on 20.01.2016