Deux journalistes libérés après neufs jours de détention

Reporters sans frontières apprend avec satisfaction la libération le 4 décembre de Dadou Etiom et Guy Ngiaba et l'abandon de la plainte pour "imputations dommageables" qui les visait. Emprisonnés depuis plus d'une semaine, les deux journalistes se sont vu présenter des excuses par Boniface Ntwa, président de l’Assemblée provinciale du Bandundu, a rapporté Journaliste en Danger, association partenaire de Reporters sans frontières en République Démocratique du Congo. ----- 04.12.2012 - Deux journalistes emprisonnés depuis une semaine pour un délit de presse Dadou Etiom, journaliste de Nzondo TV et Guy Ngiaba, journaliste de Télé 50, sont détenus depuis une semaine à la prison de Bandundu, au sud-ouest de la République Démocratique du Congo, selon les éléments recueillis par Journaliste en Danger (JED), association partenaire de Reporters sans frontières. La plainte à l'origine de leur incarcération a été déposée par Boniface Ntwa, président de l'Assemblée provinciale de Bandundu, suite à une émission critique envers son administration. Reporters sans frontières est particulièrement préoccupée par la récurrence de ce type d'arrestations contre les journalistes en République Démocratique du Congo. "Depuis quelques mois, la justice congolaise fait preuve d'une excessive diligence dès lors que les médias sont poursuivis pour des délits de presse par les membres du gouvernement ou de l'administration", a déclaré Reporters sans frontières. "La disproportion entre les faits reprochés aux acteurs de l'information et la lourdeur d'une peine privative de liberté est contraire à tout principe démocratique. Ces méthodes sont d'autant plus contestables que le Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo, s'était engagé le 7 mai dernier à dépénaliser les délits de presse. L'attitude de l'administration et du système judiciaire à l'égard des journalistes doit s'assouplir et se conformer à la volonté témoignée par le Premier ministre de respecter les droits des journalistes en leur permettant de collecter et diffuser l'information sans risquer l'emprisonnement". Les deux journalistes sont poursuivis pour "imputations dommageables", qualification définie dans le code pénal comme l'imputation "à autrui de faits précis, vrais ou faux, (portant) atteinte à la considération et à l'honorabilité" de la personne à laquelle ils sont attribués. Pour plus d'informations, lire le communiqué de presse de Journaliste en Danger : «Journaliste en danger (JED) est profondément indignée par l’incarcération à la prison centrale de Bandundu de Dadou Etiom et Guy Ngiaba, respectivement journaliste de Nzondo TV, une chaîne privée émettant à Bandundu, chef-lieu de la province portant le même nom (Sud-ouest de la RDC) et correspondant de Télé 50, une chaîne émettant à Kinshasa, capitale de la RDC, à Bandundu. Selon les informations parvenues à JED, Etiom et Ngiaba ont été jetés en prison, depuis mardi 27 novembre 2012, par des agents du parquet de grande instance de Bandundu après leur confrontation avec M. Boniface Ntwa, président de l’Assemblée provinciale qui les poursuit pour « imputations dommageables ». Dadou Etiom a animé, vendredi 2 novembre 2012, une émission intitulée « Référendum » au cours de laquelle était intervenue Guy Ngiaba. Les deux journalistes ont, au cours de cet émission, dénoncé la gestion de M. Boniface Ntwa en l’accusant de ne vouloir pas réunir les députés provinciaux en plénière par peur d’une motion de défiance. Contacté par JED, M. Boniface Ntwa a déclaré avoir saisi officiellement le coordonateur de l’instance de régulation des médias (CSAC) en province, en réservant notamment copie au procureur de la République. « Les deux journalistes ont, dans leur émission, critiqué la gestion du bureau de l’Assemblée provinciale en donnant même la date à laquelle ce bureau va tomber. Il s’agit de la manipulation et de l’intoxication. Le parquet a déjà instruit le dossier après avoir visualisé la cassette de l’émission incriminée », a affirmé le président de l’Assemblée provinciale. JED condamne vigoureusement l’instrumentalisation manifeste de la justice par un détenteur de pouvoir, et exige des autorités judiciaires de cette province, la libération de ces deux journalistes qui doivent absolument bénéficier de la présomption d’innocence avant l’aboutissement de la procédure judiciaire engagée contre eux.» Photo : Siège de l'assemblée provinciale de Bandundu (Radio Okapi)
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Updated on 20.01.2016