Deux journalistes échappent de peu à une exécution publique dans le département de Cochabamba

Reporters sans frontières s'alarme de l'agression dont ont été victimes le reporter Limberth Sánchez et le cameraman Edson Jiménez, de la chaîne privée Red Bolivisión, lors d'un déplacement à Epizana (département de Cochabamba, Centre), le 26 février 2008. Les journalistes, témoins de violentes manifestations villageoises qui se sont soldées par l'exécution de trois policiers, ont failli connaître le même sort. “Deux journalistes qui ne faisaient que leur métier sont passés tout près du pire, dans un contexte de violence particulièrement insoutenable. Ces démonstrations de furie collective sont également inquiétantes pour la liberté de la presse, quand on sait que les journalistes boliviens ont souvent fait les frais de la violence politique qui a secoué le pays en 2007 et peut à tout moment réapparaître. Nous demandons que l'enquête sur la tragédie d'Epinaza permette de confondre les agresseurs de Limberth Sánchez et Edson Jiménez”, a déclaré Reporters sans frontières. Limberth Sánchez et Edson Jiménez ont été violemment agressés alors qu'ils assistaient au massacre de trois policiers par environ 300 villageois en colère. La tentative d'arrestation de trois délinquants présumés par les fonctionnaires a tourné à l'émeute contre ces derniers. Les journalistes de Red Bolivisión ont commencé à prendre des images du drame, lorsqu'un manifestant en état d'ébriété les a repérés et désignés à la foule. Edson Jiménez a été dépossédé de sa caméra. “Ils nous ont donné des coups de pied, jeté des pierres et frappé avec des bâtons, mais nous avons réussi à nous échapper”, a déclaré Limberth Sánchez aux médias. Entre-temps, les villageois, déchaînés contre les trois policiers, ont lynché deux d'entre eux et battu à mort le troisième. Les barrages dressés par les habitants ont empêché les forces de l'ordre envoyés à Epizana d'y pénétrer. Affectée par les bas salaires et de réels manques de moyens, parfois corrompue et responsable d'abus de pouvoir, la police bolivienne est souvent la cible de représailles collectives ou d'actes dits de “justice communautaire” en milieu rural, à l'image du lynchage d'Epizana.
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Updated on 20.01.2016