Deux journalistes détenus et accusés d'incitation à la violence pour avoir couvert des manifestations

Les journalistes Néstor Pasquini et Hugo Francischelli risquent une peine de 3 à 15 ans de prison pour des accusations d'incitation à la violence. Ils couvraient des protestations violentes suite à l'assassinat et viol d'une petite fille dans la région de Córdoba. Reporters sans frontières dénonce une abus de la part de la justice et demande leur libération.

Reporters sans frontières condamne la détention de Néstor Pasquini et Hugo Francischelli au Corral de Bustos, localité de Córdoba (Centre-Nord). Les deux journalistes ont été arrêtés pour instigation à la violence, incendie doublement aggravé et blessures légères, ce qui peut valoir une peine de prison effective de 3 à 15 ans. Reporters sans frontières est très préoccupée par cette détention qui s'apparente à un abus de justice. Dans cette affaire où on déplore la mort d'une fillette et de graves incidents, il est regrettable que les autorités préfèrent punir les journalistes, transformés en boucs émissaires, qui couvraient ces événements. Reporters sans frontière demande la libération de Néstor Pasquini et Hugo Francischelli. Les arrestations ont eu lieu le 20 décembre, mais les faits qui leur sont reprochés remontent au début du mois. Le 4 décembre au matin, des habitants de Corral de Bustos, en colère suite au viol et à l'assassinat d'une petite fille, ont provoqué des bagarres qui ont fini par la destruction des installations des tribunaux locaux ainsi que l'incendie d'une voiture d'un juge. Selon les autorités judiciaires, la mère de la petite fille est accusée d'homicide qualifié et deux hommes sont accusés d'homicide simple ainsi que d'agression sexuelle "flagrante". Dix ordres d'arrestation ont été prononcés suite à l'enquête menée par le procureur Carlos Ernesto Viramonte pour trouver les responsables. Néstor Pasquini et Hugo Francischelli, qui se trouvaient sur place pour couvrir ces incidents, ont été inclus dans cette liste. Ils ont été arrêtés à leurs domiciles 16 jours après les faits. Deux autres accusés sont toujours recherchés. Néstor Pasquini, propriétaire de la radio locale FM Show, est également le correspondant de la station FM Panorama. « Ils utilisent les journalistes comme boucs émissaires. Ils veulent faire peur à la presse pour la faire taire. Néstor avait déjà dénoncé le mauvais fonctionnement de la justice à Cordoba», a signalé à Reporters sans frontières Fernando Cabrera, producteur du programme En Contacto, qui se mobilise pour la libération de Nestor Pasquini. Cabrera affirme que « ce n'est pas par hasard que les détentions se poursuivent à quelques jours de la période des fêtes. Il est encore incarcéré, au secret, et il passera sans doute le jour de l'an en prison ». De son côté, Hugo Francischelli, qui anime un programme de radio sur FM 97.3, a eu le même sort que son collègue. D'après les sources judiciaires, les deux journalistes auraient incité presque mille personnes à manifester violemment devant les tribunaux. Ils risquent pour cela une peine allant de 3 à 15 ans de prison. Cependant, Cabrera a expliqué que « Pasquini travaillait et que c'était donc logique qu'il soit au milieu de la révolte ». Le procureur Viramonte a décidé de les faire transférer au commissariat de Marcos Juárez, de même que six autres détenus, pour éviter des représailles de la part du voisinage.
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Updated on 20.01.2016