Deux journalistes brutalement interpellés par la police en République dominicaine

Les journalistes Gerardo de Jesús Abréu, et Genry Morel, ainsi que les filles du reporter Ramón Sánchez Gissel et Saihya, ont été violemment arrêtés par des agents de la police anti-drogue. Alors que les cas de violence envers les journalistes sont rares en République dominicaine, Reporters sans frontière a été choquée par la brutalité des arrestations des journalistes Gerardo de Jesús Abréu, Genry Morel, et de Gissel et Saihya Sánchez, par des agents de la Direction nationale de contrôle des drogues (DNCD). Le 18 juin 2014, le président du syndicat des journalistes dominicains (CDP), Olivo de León, a dénoncé les actions “anti-journalistiques, anti-démocratiques, anti-citoyennes et illégales”* de la police anti-drogue qui avait l’aval de procureurs locaux. Reporters sans frontières a contacté Miguel Medina, porte-parole du DNCD afin d’obtenir des explications. “Une telle brutalité ne saurait devenir la norme, déclare Camille Soulier, responsable du bureau Amériques de Reporters sans frontières. Les autorités doivent garantir une enquête sérieuse et indépendante, afin que ces crimes ne demeurent pas impunis. Aucune explication fournie par Miguel Medina ne justifie la brutalité de la police et le comportement abusif des procureurs”. Gerardo de Jesús Abreu, réalisateur du programme “Tiempo Informativo”, diffusé sur la chaîne Valle Visión Canal 10 dans la ville de La Vega, a été victime d’une détention abusive le 11 juin dernier, alors qu’il filmait une opération de la police anti-drogue. Menotté, privé de son appareil photo et de son téléphone portable, bien qu’il se soit identifié comme journaliste, il a été détenu dans sa propre voiture alors que la DNCD continuait d’effectuer ses opérations. Le procureur responsable de l’équipe anti-drogue, Leonidas Suárez, lui a indiqué que “vous les journalistes êtes des sans-gênes, vous ne faites que nuire au travail des autres, ce qu’il faut c’est vous taper fort”. Gerardo de Jesús Abreu a finalement été relâché. Le porte-parole de la DNCD n’a pas fourni d’autre explication que la présence même du journaliste à ce moment-là. C’est à Santiago de los Caballeros qu’une autre équipe de la DNCD, sous les ordres de la procureure Cindy Burgos, s’en est pris au journaliste Genry Morel, le 14 juin dernier, devant le domicile du célèbre présentateur de radio Ramón Sánchez. Des agents ont pénétré dans la maison de ce dernier et ont également attaqué et arrêté ses filles, qui filmaient l’agression de Genry Morel. La procureure s’est ensuite livrée à un chantage, acceptant de les relâcher si ils ne portaient pas plainte à son encontre. Selon Miguel Medina, Genry Morel aurait refusé de présenter sa carte d’identité aux agents, et les deux sœurs auraient même agressé l’un des agents. La République dominicaine est 68ème sur 180 dans le Classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Publié le
Updated on 20.01.2016