Deux journalistes arrêtés en trois jours, les pressions sur les médias privés s'intensifient

Reporters sans frontières dénonce la vague d'arrestations menée actuellement par le gouvernement d'Addis-Abeba à l'encontre de journalistes de la presse privée. Reyot Alemu, journaliste pour l'hebdomadaire en langue amharique Fitih, a été arrêtée le 21 juin 2011. Woubeshet Taye, journaliste et directeur adjoint de l'hebdomadaire en langue amharique Awramba Times, a été arrêté deux jours plus tôt, le 19 juin, dans des conditions encore très floues. Les deux journalistes sont détenus au centre d'investigation fédéral de Maekelawi et placés sous enquête judiciaire, sans que les motifs exacts de leur arrestation n'aient été notifiés. Ils seraient suspectés d'entretenir des liens avec des organisations dites "terroristes". "Nous demandons au gouvernement éthiopien de fournir sans délai des explications sur ces arrestations, dépassant le cadre légal de la garde-à-vue (quarante-huit heures), et menées en dehors de toute procédure judiciaire régulière. Le mystère qui entoure ces détentions est inacceptable. Ces méthodes obscures manifestent une volonté d'étouffer les médias contestataires tout en imposant un silence médiatique sur ces exactions et en poussant les journalistes à l'autocensure. Nous demandons la libération immédiate des journalistes et l'abandon des poursuites menées contre eux sur les suppositions d'activités terroristes ", a déclaré Reporters sans frontières. "Ces arrestations, effectuées à l'aune de la loi antiterrorisme adoptée en juillet 2009 et d'une redéfinition de la ligne sécuritaire du pays il y a deux semaines, sont extrêmement préoccupantes. En accusant les journalistes d'entretenir des liens avec des organisations terroristes, le gouvernement d'Addis-Abeba peut aisément justifier la mise en place de mesures liberticides dirigées contre les médias indépendants et contrevenir à la pluralité des opinions", a ajouté l'organisation. Reyot Alemu, journaliste pour l'hebdomadaire Fitih, un journal critique du gouvernement, a été arrêtée le 21 juin 2011. La police aurait procédé à des fouilles au domicile de la jeune femme et pris possession de certains de ses écrits, des CD's et des exemplaires de l'hebdomadaire. Le matériel confisqué pourrait être utilisé à son encontre dans le cadre de poursuites judiciaires pour "activités terroristes". Deux jours auparavant, Woubeshet Taye a été interpellé chez lui, le 19 juin dans l'après-midi, par la police fédérale. Il aurait comparu devant la cour le 21 juin, après trois jours de détention, dans le plus grand secret, au centre fédéral d'investigation de Maekelawi, à Addis-Abeba. Il pourrait être poursuivi pour avoir entretenu des liens avec Ginbot 7, un groupe politique d'opposition récemment déclaré "terroriste" par le parlement. Woubeshet Taye est dans le collimateur des autorités depuis plusieurs années. Alors rédacteur en chef de l'hebdomadaire Awramba Times, il avait dû renoncer à son poste à la suite de pressions continuelles exercées contre sa rédaction, en juin 2010, par l'agence de régulation des médias.
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Updated on 20.01.2016