Deux gendarmes de Trabzon accusent leurs supérieurs dans l'affaire Hrant Dink

"Les aveux des deux gendarmes de Trabzon donnent froid dans le dos. Les forces de l'ordre de Trabzon auraient peut-être pu éviter l'assassinat de Hrant Dink si elles avaient agi", a déclaré Reporters sans frontières.

Le 20 mars 2008, lors de leur procès, deux gendarmes de Trabzon, Okan Simsek et Veysel Sahin, accusés de n'avoir pas réagi à des informations prévenant d'un projet d'assassinat de Hrant Dink, ont avoué que leurs supérieurs les avaient menacés pour qu'ils n'évoquent pas ces mises en garde. Ils ont également affirmé qu'ils avaient partagé avec le chef de la gendarmerie de Trabzon et le chef d'escadron des informations obtenues par Coskun Igci selon lesquelles Yasin Hayal, accusé d'être le commanditaire du crime, planifiait de tuer Hrant Dink. “Ces aveux des deux gendarmes de Trabzon donnent froid dans le dos. Les forces de l'ordre de Trabzon auraient peut-être pu éviter l'assassinat de Hrant Dink si elles avaient agi. Tous ceux qui avaient connaissance de ces informations et n'ont rien fait doivent être lourdement sanctionnés”, a déclaré Reporters sans frontières. Les deux gendarmes interrogés par le tribunal de Trabzon ont déclaré qu'il leur avait été “ordonné de donner de faux témoignages” lors de l'enquête. Ils accusent leur hiérarchie de n'avoir rien fait pour que des mesures adéquates soient prises pour empêcher l'assassinat du journaliste. Ces déclarations confirment ce que l'informateur Coskun Igci avait déclaré le 22 janvier au tribunal de police de Trabzon. Les deux gendarmes ont ajouté qu'un procès-verbal faisant état des messages de Coskun Igci avait été établi sur ordre des commandants Ali Öz et Metin Yildiz et avait été postdaté du 20 janvier 2007, afin de faire croire que ces informations avaient été communiquées juste après la mort du journaliste. Le tribunal a convoqué les dix responsables de la gendarmerie qui avaient été informés, au cours d'une réunion, de l'intention de tuer Hrant Dink. Le 20 mars, le tribunal correctionnel de Sisli, à Istanbul, a condamné Zafer Filiz à trois ans de prison pour avoir envoyé un message électronique raciste et menaçant au siège de l'hebdomadaire Agos, le 1er février 2007, soit douze jours après la mort de Hrant Dink.
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Updated on 20.01.2016