Deux défenseurs des droits de l’homme condamnés à quinze et cinq ans de prison

Waleed Abu Al-Khair, fondateur de l’Observatoire saoudien des droits humains, et l’activiste Mukhlif Al-Shammari ont été condamnés respectivement à des peines de quinze et cinq ans d’emprisonnement pour avoir informé sur la situation des droits de l’homme en Arabie saoudite et dénoncé les multiples violations.

Reporters sans frontières est abasourdie par les peines d’emprisonnements énoncées à l’encontre du fondateur de l’Observatoire saoudien des droits humains, Waleed Abu Al-Khair, et de l’activiste Mukhlif Al-Shammari, déclare Virginie Dangles, adjointe à la direction de la Recherche de Reporters sans frontières. Militants des droits de l’homme, ils paient le prix de leur engagement en faveur des libertés fondamentales, bafouées par le régime. Nous exigeons leur libération immédiate, ainsi que celle de l’ensemble des personnes arrêtées pour simple fait d’avoir exprimé une opinion ou diffusé des informations. Les autorités saoudiennes doivent respecter leurs engagements internationaux”. Le 6 juillet 2014, le fondateur de l’Observatoire saoudien des droits humains, Waleed Abu Al-Khair, arrêté le 15 avril dernier et accusé de “préparation, stockage et transmission d’informations qui nuisent à l’ordre public”, “incitation à la rébellion”, “publication de fausses informations dans le but de nuire à l’État”, “outrage à magistrat”, et “création d’une ONG sans autorisation”, a été condamné à quinze ans d’emprisonnement assortie d’une interdiction de voyager de quinze ans au terme de sa peine. L’Observatoire saoudien des droits humains, cité par Human Rights Watch, a annoncé que Waleed Abu Al-Khair ne reconnaissait pas le jugement. Il n’envisage pas de faire appel. Trois jours plus tôt, le 3 juillet, la cour d’appel a quant à elle confirmé la peine prononcée le 17 juin dernier par la cour pénale de Jeddah, spécialisée sur les questions de sécurité nationale et de terrorisme, contre Mukhlif Al-Shammari. Ecrivain et activiste de renom, il a été condamné à cinq ans de réclusion criminelle pour avoir diffusé sur YouTube une vidéo dans laquelle deux filles témoignaient des mauvais traitements dont elles étaient victimes. Cette condamnation sanctionnait également l’ensemble de ses articles. Mukhlif Al-Shammari s’est en outre vu interdire - pour dix ans - de publier ou de paraître dans les médias, ainsi que la possibilité de quitter le territoire saoudien. Reporters sans frontières rappelle que la cour criminelle de Riyad avait condamné, le 25 juin 2014, Fawzan Al-Harbi, l’un des fondateurs de l’Association saoudienne pour les droits civils et politiques (ACPRA) qui recense les exactions et violations des droits de l’homme en Arabie saoudite, à une peine de sept ans d’emprisonnement, assortie d’une interdiction de quitter le territoire pour la même durée. Il a été, entre autres, jugé pour “préparation, stockage et transmission d’informations qui nuisent à l’ordre public” en vertu de la loi anti-cybercriminalité de mars 2007. Le 7 mai 2014, le blogueur et militant des droits de l’homme saoudien, Raef Badawi, avait quant à lui été condamné à dix ans de prison ferme, 1 000 coups de fouet ainsi qu’une amende d’un million de rial saoudiens (environ 200 000 euros), par la cour pénale de Jeddah pour “insulte à l’islam”. Reporters sans frontières souligne que le 9 décembre 1998, lors du 50ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté à l’unanimité la déclaration sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’Homme et les libertés fondamentales universellement. Cette déclaration reconnaît la légitimité de l’activité de défense des droits de l’homme, et la nécessité de protéger cette activité ainsi que ceux qui la défendent. L’article 6 stipule que "chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme et autres instruments internationaux applicables, de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales". L’Arabie saoudite occupe la 164ème place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières, et figure sur la liste des Ennemis d’Internet.
Publié le
Mise à jour le 20.01.2016