Deux attentats contre des stations de radio sur l'île de Mindanao

Reporters sans frontières a exprimé sa vive préoccupation après une série d'attentats contre deux stations de radio dans le sud des Philippines. L'organisation de défense de la liberté de la presse a demandé, dans une lettre adressée au ministre philippin de l'Intérieur, M. José Lina, que les enquêtes ouvertes par la police locale permettent d'identifier les auteurs de ces deux attentats ainsi que leurs motivations. "Notre inquiétude est plus que justifiée : depuis janvier 2000, au moins six stations de radio ont été la cible d'attentats aux Philippines", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, une bombe a explosé, dans la nuit du 22 mai 2002, devant le siège de Radyo Bombo (qui émet en AM et en FM sous les noms de DXIF et DXEQ), à Cagayan de Oro (île de Mindanao, sud du pays). Selon Michael Bustamante, assistant du directeur de la station, un voisin a déclaré avoir aperçu quatre hommes près des locaux juste avant la déflagration. L'explosion de cet engin, de fabrication artisanale, a créé un cratère sur la chaussée et détruit les enseignes de la station. La fumée a empêché le vigile d'identifier les auteurs. Personne n'a été blessé. Selon le directeur d'antenne, Albino Quinlog, cette attaque pourrait faire suite à plusieurs reportages diffusés par la station. Radyo Bombo est connue pour ses prises de position critiques à l'encontre de politiciens corrompus et de l'attitude des forces armées et de la police. Les locaux de la station avaient essuyé de tirs de fusils d'assaut en 2001. Par ailleurs, les locaux de la station Radyo Natin ont été détruits par les flammes, dans la nuit du 22 mai 2002, à Baganga (île de Mindanao, province du Davao oriental, sud du pays). Selon le chef de la police de la province, Catalino Cuy, des individus auraient jeté un cocktail Molotov dans l'enceinte de la station. Après constatation des dégâts, les pertes en équipement pourraient s'élever à près d'un million de pesos philippins (soit vingt-deux milles euros). Toujours selon M. Cuy, les rebelles communistes pourraient être impliqués dans l'attaque, ce qu'un responsable de la station a nié en objectant que les membres de la guérilla étaient des "amis". D'autres sources soulignent, quant à elles, que des responsables de la municipalité seraient les commanditaires de cet attentat. La station de radio s'est en effet toujours montrée très critique à l'égard du maire de Baganga, Jerry Morales. Celui-ci avait ordonné la fermeture de la station pendant six mois en 2001.
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Mise à jour le 20.01.2016