Deux ans de prison et 100 000 euros d’amende pour des tweets

Reporters sans frontières dénonce la condamnation, le 18 novembre 2013, du cyber-activiste émirati Waleed Al-Shehhi à deux ans de prison ferme et 500 000 dirhams (100 000 euros) d’amende, pour avoir publié des tweets ayant trait au procès des 94 Emiratis (également connu sous l’acronyme “UAE94”) qui s’est déroulé au premier semestre 2013. Procès auquel les médias et observateurs étrangers ne pouvaient assister, et qui n’a pu être couvert que par certains médias nationaux, triés sur le volet. “Reporters sans frontières condamne fermement ce verdict qui bafoue les engagements internationaux des Emirats arabes unis. Cette condamnation est non seulement disproportionnée mais elle est surtout aberrante. Elle intervient alors même qu’un nouveau procès pour liens avec les Frères musulmans s’est ouvert aux Emirats contre 30 personnes, auquel seule la presse nationale a accès. Les autorités émiraties entendent ainsi faire de Waleed Al-Shehhi un exemple, afin de dissuader tout Emirati présent à l’actuel procès de publier quelconque information qui sortirait du discours officiel. Nous demandons donc la libération immédiate de ce cyberactiviste et l’abandon des charges qui pèsent contre lui, ainsi que l’abrogation du décret sur la cybercriminalité,” a déclaré l’organisation. Waleed Al-Shehhi, arrêté le 11 mai 2013, a été condamné en vertu des articles 28 et 29 de la loi sur la cybercriminalité adoptée fin 2012 (Federal Legal Decree N°5/2012) qui interdisent l’utilisation des technologies d’information pour des actions “mettant en danger la sécurité de l’Etat” et “portant préjudice la réputation de l’Etat”. Waleed Al-Shehhi avait publié sur Twitter des informations relatives au procès des UAE94, accusés de liens avec les Frères musulmans. Waleed Al-Shehhi est le deuxième citoyen émirati condamné sur la base de la loi sur la cybercriminalité pour avoir publié des informations relatives à ce procès. Le 22 mai 2013, le net-citoyen Abdullah Al-Hadidi, arrêté le 22 mars 2013, avait vu sa peine de dix mois de prison ferme confirmée en appel. Il a été libéré le 1er novembre dernier au terme de sa peine. Reporters sans frontières condamne également le black-out de l’information imposé par les autorités émiraties autour du procès devant la Cour suprême de 30 personnes (20 ressortissants égyptiens et 10 citoyens émiratis) accusées d’entretenir des liens avec les frères musulmans et d’avoir tenté de renverser le régime. Tout comme pour le procès “UAE94”, les autorités émiraties ont décidé de réserver l’accès à ce procès aux seuls journalistes locaux, triés sur le volet. Les autorités émiraties tentent ainsi, une nouvelle fois, de limiter la circulation d’informations relatives au déroulement du procès. Deux audiences ont dores et déjà eu lieu les 5 et 12 novembre dernier. La troisième audience devrait se tenir le 19 novembre 2013. L’organisation demande la levée immédiate de ce black-out qui constitue une grave atteinte à la liberté de l’information.
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Mise à jour le 20.01.2016