Détention controversée d'un journaliste de télévision

Reporters sans frontières est préoccupée par la mise en détention, le 7 mars 2006, de Gustavo Azócar Alcalá (photo), présentateur du programme de débat politique « Café con Azocar » pour la chaîne Televisora del Táchira à San Cristobál et correspondant du quotidien El Universal. Le journaliste est poursuivi pour des faits de « détournement de fonds publics » et « escroquerie » remontant à six ans. Il est connu pour son opposition au gouverneur local.

Reporters sans frontières est préoccupée par la situation de Gustavo Azócar Alcalá, présentateur du programme « Café con Azocar » pour la chaîne privée régionale Televisora del Táchira à San Cristobál et correspondant du quotidien El Universal, mis en examen pour « détournement de fonds publics » et « escroquerie ». Le journaliste a été incarcéré le 7 mars 2006 après avoir comparu devant le juge Ciro Heraclio Chacón en charge de l'affaire. « Il n'appartient pas à Reporters sans frontières de se prononcer sur le fond d'une affaire en cours d'instruction. Nous condamnons, en revanche, la détention excessive illimitée qui réduit de fait au silence un journaliste connu pour s'opposer au pouvoir local et national. Nous la condamnons a fortiori si le parquet a reconnu que le dossier d'accusation était incomplet. Sans préjuger de la responsabilité du journaliste dans les faits qui lui sont reprochés, sa mise à disposition de la justice n'implique pas une mise en détention. », a déclaré Reporters sans frontières. Suite à une plainte déposée par Ronald Blanco La Cruz, gouverneur de l'Etat de Táchira, une enquête avait été ouverte en 2000 pour vérifier l'implication supposée de Gustavo Azócar Alcalá dans des délits de « détournement de fonds publics » et d'« escroquerie ». Le journaliste n'aurait pas diffusé dans son programme radiophonique de l'époque les espaces publicitaires contractés par la loterie du Táchira. Appelé à comparaître devant la justice, Gustavo Azócar Alcalá ne s'est jamais présenté, selon l'accusation. Le parquet a dès lors ordonné l'arrestation de ce dernier, interpellé puis incarcéré, le 6 mars 2006, au commissariat principal de San Cristobal (capitale de l'Etat de Táchira). L'avocat du journaliste, Jésus Vivas Terán, affirme que son client s'est présenté aux comparutions et dénonce, par ailleurs, des irrégularités de procédure, soulignant que le parquet l'avait informé, quelques jours auparavant, que le dossier était incomplet. Gustavo Azócar Alcalá est connu pour ses prises de position critiques à l'égard du gouvernement du président Hugo Chávez mais aussi pour ses révélations compromettantes impliquant notamment Ronald Blanco La Cruz. Le journaliste a affirmé lors de son arrestation qu'il était détenu sur ordre du gouverneur du Táchira pour son travail de journaliste. Son avocat a, quant à lui, assuré que Gustavo Azócar Alcalá n'a pu commettre les délits qui lui sont imputés car il n'était pas habilité à signer des contrats au nom de la station de radio. Les faits qui lui sont imputés ne pourraient donc relever de sa responsabilité. Le 7 mars, le tribunal de l'Etat de Táchira a ordonné l'incarcération de Gustavo Azócar Alcalá qui a été transféré le jour même au centre pénitencier de Santa Ana, situé dans la périphérie de San Cristobal, où il sera détenu pendant toute la durée de l'enquête. Aucune date d'audience ultérieure n'a été fixée.
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Updated on 20.01.2016