Descente de police dans une rédaction

Des policiers en uniforme ont fait une descente, le 9 septembre, dans les locaux de deux quotidiens proches de l'opposition, Le Patriote et Tassouman. Un article publié le matin même dans le journal Tassouman faisait état du braquage du véhicule du ministre de l'Intérieur, Emile Boga Doudou. "Cette descente de police est inquiétante pour la liberté de la presse en Côte d'Ivoire. Nous espérons qu'elle restera un acte isolé", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans un courrier adressé à Laurent Gbagbo, président de la République de Côte d'ivoire. Reporters sans frontières a demandé au chef de l'Etat de respecter les promesses qu'il avait faites, lors de son arrivée au pouvoir, de n'inquiéter en aucune façon les journalistes dans l'exercice de leur fonction. "Vous devez rappeler vos ministres à l'ordre s'ils ne se conforment pas à vos promesses et faire en sorte que les responsables de cette descente soient sanctionnés", a ajouté M. Ménard. Le 9 septembre, vers midi, des policiers en uniforme ont fait irruption dans les locaux du groupe de presse Mayama à Abidjan, qui édite notamment les quotidiens Le Patriote et Tassouman, proches du Rassemblement des républicains (RDR, opposition) dirigé par Alassane Dramane Ouattara. Les locaux ont été mis à sac, des bombes lacrymogènes ont été lancées et quatre personnes ont été légèrement blessées. Les policiers reprochaient à Tassouman d'avoir publié un article sur le braquage de la voiture du ministre de l'Intérieur, Emile Boga Doudou. Le journal mettait en parallèle cet événement avec "l'impuissance du régime" face à l'insécurité urbaine. Il qualifiait cet acte d'"humiliation" pour la police. L'information s'est révélée être erronée et la rédaction s'apprêtait à publier un rectificatif : c'est en fait le véhicule du ministre de la Solidarité et de la Santé qui avait été volé. Le ministre de l'Intérieur a diffusé un communiqué indiquant qu'il n'était nullement impliqué dans cette affaire. Reporters sans frontières rappelle qu'en janvier 2001, plusieurs journalistes du quotidien Le Patriote avaient été convoqués par la brigade de recherches de la gendarmerie pour "nécessité d'enquête". On leur reprochait d'avoir publié des articles citant des personnes doutant de l'existence réelle d'une tentative de coup d'Etat. Quelques jours après celle-ci, le domicile du directeur de publication du Patriote avait été saccagé par des personnes non identifiées.
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Mise à jour le 20.01.2016